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Philippe Martinez prône une CGT « plus terrain »

Liaisons Sociales Magazine | Dialogue Social | publié le : 05.03.2015 | Emmanuelle Souffi

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Le nouveau secrétaire général de la CGT cherche à rééquilibrer un syndicat secoué par l’affaire Lepaon. Ni réformiste ni contestataire, Philippe Martinez prône le juste milieu. Quitte à manquer de lisibilité.

Un mois après son accession à la tête de la maison CGT, Philippe Martinez prend de l’assurance. Et tente de rééquilibrer une centrale en pleine crise identitaire après la désastreuse affaire Thierry Lepaon. Faire oublier les affres de son prédécesseur, endosser le costume de chef, trouver un cap à un syndicat qui n’en a plus depuis longtemps… Le défi est de taille pour cet homme plus habitué à porter les revendications des métallos qu’à gérer des conciliabules au Medef ou rue de Grenelle.

Mais le nouveau secrétaire général a de la ressource. Et il peut compter sur des soutiens en interne désireux de faire oublier l’ère Lepaon. L’ancien délégué syndical de Renault, lui, n’est pas un homme de pouvoir. Ce pragmatique souhaite que la CGT renoue avec le terrain, signe qu’elle l’avait abandonné ces dernières années. « Il faut retrouver des lieux d'expression des salariés », a-t-il ainsi martelé devant l’Association des journalistes de l’information sociale, ce jeudi 5 mars.

En quête du juste milieu

Et le numéro un de la centrale de Montreuil de critiquer le projet avorté d'accord sur le dialogue social, qui « prônait cette idée d'un syndicalisme professionnel expert ». « Quand on démarre des discussions, ça commence par des groupes paritaires de travail, on enchaîne avec des bilatérales, puis d'autres bilatérales. On passe beaucoup de temps à discuter entre experts des modes d'organisation du dialogue social et on se coupe des salariés. Comment peut on recueillir leur avis quand on passe quatre jours par semaine à discuter avec sa direction ? » questionne le leader.

Dans le cadre des travaux sur les nouvelles méthodes du dialogue social, Philippe Martinez plaide pour un rééquilibrage « du temps passé avec les directions d'entreprise, les pouvoirs publics et les salariés » en partant du travail et du vécu des travailleurs. Cette recherche du juste milieu, le nouveau leader compte aussi l’appliquer à la ligne syndicale.

Réorganisation interne

Réformiste ? Radical ? L’ancien communiste n’aime pas les étiquettes. « Nous avons besoin d'une CGT qui conteste quand il y a des mauvaises décisions et d’une CGT qui propose », estime-t-il. Façon de dire que la centrale n’a pas été assez présente lors de certaines négociations interprofessionnelles comme sur la sécurisation de l’emploi.

Dans le même esprit, Philippe Martinez est prêt à réformer les structures internes et notamment à rapprocher les fédérations qui font sens entre elles, dans une logique de filières industrielles. Ce qu’il défendait déjà quand il était à la tête de la Fédération de la métallurgie. Mais pas question pour autant de constituer un vaste pole industrie sur le modèle d’Industriall, qui rassemble trois fédérations mondiales et englobe sept structures de la CGT. Bouger les lignes d’accord, mais sans faire la révolution. Trop risqué en interne.

Bloc des contestataires

Partisan de l’unité syndicale et d’un syndicalisme rassemblé, cet homme de débats compte jouer la carte de l’apaisement avec sa rivale cédétiste. Mais pas à n’importe quel prix. « Dans les relations avec la CFDT, on a besoin de se dire les choses. Il n’y a rien de pire que quand on ne se parle pas », assure-t-il. À ses yeux, la division décrédibilise le mouvement syndical.

Dans ce contexte, l’appel à la grève générale du 9 avril lancé par la CGT, FO et Solidaires contribue cependant à isoler le bloc contestataire des autres centrales. Périlleux alors que le pays sortira juste des élections départementales où la montée du FN dans le « petit salariat » inquiète au plus haut niveau politique et syndical.

Auteur

  • Emmanuelle Souffi