Olivier Dussopt a reçu les organisations syndicales et patronales en bilatéral pour de premiers entretiens consacrés au pouvoir d’achat et aux retraites. Si l’idée d’une grande conférence sociale de rentrée consacrée aux salaires semble écartée, le ministre du Travail ne s’est pas montré arc-bouté sur un recul de l’âge de départ à la retraite à 65 ans.
C’est la première prise de contact du nouveau ministre du Travail avec les partenaires sociaux. Depuis le 24 mai dernier, Olivier Dussopt aura reçu successivement Laurent Berger (CFDT), Philippe Martinez (CGT), Geoffroy Roux de Bézieux (Medef), Yves Veyrier (FO), François Hommeril (CFE-CGC), Cyril Chabanier (CFTC), François Asselin (CPME) et Dominique Métayer (U2P) pour tâter le terrain au sujet des futures réformes à l’agenda de son ministère. Deux sujets auront particulièrement occupé ces échanges : le pouvoir d’achat et les retraites. Soit les deux réformes prévues pour l’été et la rentrée. D’autres thématiques (assurance-chômage, création de France Travail, situation de la trésorerie de France Compétences, etc.) sont renvoyées à un agenda ultérieur qui devrait être annoncé par le président de la République à l’issue des élections législatives.
Primes, dividende salarié... mais pas d'augmentation de salaires
La grande loi sur le pouvoir d’achat prévue cet été devrait confirmer les annonces d’Emmanuel Macron lors de sa campagne avec la mise en place obligatoire de dispositifs d’intéressement et de participation ("dividende salarié") dans l’ensemble des entreprises de plus de dix salariés et la possibilité, pour les employeurs de verser à leurs salariés des primes de pouvoir d’achat défiscalisées et désocialisées d’un montant pouvant atteindre 6 000 euros. Une mesure qui ne convainc pas les organisations syndicales, d’autant que l’Élysée et Matignon semblent pour l’instant ne pas vouloir s’engager dans la grande concertation sociale sur les salaires réclamée par quelques organisations syndicales au premier rang desquelles la CFDT. "Les salariés ne demandent pas la charité. Ils ne demandent pas un chèque alimentaire, une indemnité inflation ou une prime Macron. Ils revendiquent d’être rémunérés justement en fonction de leur travail. Parce que la reconnaissance et le partage de la valeur travail, c’est le salaire", lançait ainsi Yves Veyrier lors de l’ouverture du congrès confédéral de FO lundi 30 mai. Pour son homologue de la CFTC, Cyril Chabanier, ces primes "ne résoudront pas le problème des 90 branches dont les minima salariaux restent en deça du Smic" depuis les revalorisations du salaire minimum de 2021 et 2022. Pire : "elles pourraient réduire les négociations annuelles obligatoires (NAO) aux seules questions d’intéressement-participation et de primes, au détriment de mesures collectives pérennes au bénéfice de l’ensemble des salariés de l’entreprise".
"Retraite digne pour tous"
Côté retraites, la réforme annoncée devrait être précédée d’une concertation portant sur l’emploi des seniors, la pénibilité du travail, décote à 67 ans pour les plus précaires ou l’égalité salariale hommes-femmes. "Le sujet majeur, c’est l’idée d’une retraite digne pour tous", estime Cyril Chabanier. Évidemment, la question du report de l’âge légal à 65 ans demeure une ligne rouge pour nombre d’organisations syndicales. "Là-dessus, j’ai senti qu’Olivier Dussopt n’était pas arc-bouté sur ce plancher des 65 ans", analyse le président de la CFTC. Pour autant, la méfiance est de mise. En dépit des rapports du conseil d’orientation des retraites (COR) indiquant que le système de financement du système de retraites n’était pas en danger, une épée de Damoclès pèse toujours sur le régime. La guerre en Ukraine, l’inflation ou les conséquences économiques de la pandémie pourraient être le prétexte pour reculer l’âge légal d’ici sept à huit ans, prévient Cyril Chabanier. À suivre.