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Nouveau combat pour les ex-Goodyear

Liaisons Sociales Magazine | Dialogue Social | publié le : 19.10.2016 | Emmanuelle Souffi

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Huit anciens salariés de Goodyear Amiens Nord, lourdement condamnés en première instance, sont jugés en appel pour avoir séquestré deux cadres. La CGT demande leur relaxe et veut faire du procès une vitrine du combat social.

La décision avait mis en émoi Jean-Luc Mélenchon (Front de gauche), Pierre ­Laurent (Parti communiste) et les ténors socialistes locaux. Mi-janvier 2016, huit anciens salariés de l’usine Good­year d’Amiens Nord (Somme) avaient été très lourdement condamnés pour avoir séquestré, pendant trente heures en 2014, deux cadres de leur entreprise. Verdict : deux ans de prison dont neuf mois fermes, assortis d’une mise à l’épreuve de cinq ans. Un jugement quasi inédit, tant la pénalisation des débordements sociaux est rare. Une « décision politique » pour leur avocat, Fiodor Rilov, la sentence ayant été prononcée après les poursuites du parquet, alors que les deux ­séquestrés n’avaient pas porté plainte. ­

Pétition de soutien

L’argument pourrait convaincre : déjà, une pétition pour ­demander l’arrêt des poursuites a ­recueilli près de 169 000 signatures à ce jour. Alors que leur procès en ­appel se ­déroule ces 19 et 20 octobre à Amiens, les huit prévenus, dont Mickaël ­Wamen, l’ancien leader cégétiste ­aujourd’hui engagé en politique, réclament leur ­relaxe. Ils plaident « un coup de colère » face à « la détresse ­sociale » dans ­laquelle se trouvaient plongés les 1 143 salariés de ce site contraint à la fermeture après le projet avorté de reprise par Titan.

De fait, l’image de révoltés indomptables ­colle à la peau des ex-Goodyear. Rendu responsable de l'échec d'une reprise du site par une partie de la classe politique, le leader cégétiste cherche toujours un job et vient d'entamer une formation pour devenir web-designer. 

Deux tiers des effectifs au chômage

Selon la préfecture de la Somme, sur les 1 072 salariés ayant souhaité bénéficier du congé de reclassement, 401 ont un "emploi identifié", certains grâce aux différents mécanismes de subventions ou de prêts à taux réduits pour les entreprises embauchant l'un des ex-Goodyear. Ainsi, 135 sont en CDI, 172 ont un CDD de plus de 6 mois et 94 ont créé leur entreprise, principalement en autoentrepreneur. A côté, 142 personnes sont à la retraite, 26 en formation et 21 classés dans la rubrique "sortie pour convenance personnelle": malades ou décédées...

Au total, un peu plus de 700 anciens salariés pointent donc à Pôle emploi. Sans compter ceux qui travaillaient pour des sous-traitants restés sur le carreau. « Une injustice » que la CGT entend dénoncer durant les deux jours du procès en appelant à de nouvelles manifestations aux abords de la cour d’appel.

Auteur

  • Emmanuelle Souffi