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« L'inflation est très inégalitaire et globalement les petites entreprises vont être en grande difficulté » (Éric Heyer, OFCE)

Dialogue social | publié le : 25.01.2023 | Natasha Laporte

À l'heure de l'envolée de la facture énergétique, la fronde des boulangers incarne l'inquiétude de nombre d'artisans et de TPE/PME pour leur survie. De quoi générer des tensions sociales.

À peine entrée au patrimoine immatériel de l'humanité de l'Unesco, la baguette se retrouve au centre d'une crise, celle des boulangers, frappés de plein fouet par l'envolée du prix des matières premières, à commencer par celui du beurre et de la farine, ainsi que du coût de l'énergie. Le lundi 23 janvier, ils étaient ainsi plusieurs centaines à se rassembler à Paris, à l'initiative de groupes tels que le « Collectif pour la survie de la boulangerie et de l'artisanat ». Leur combat : dénoncer la hausse inédite de leur facture énergétique, qui les menacerait de faillite, et demander des aides supplémentaires à l'exécutif.

Ils sont loin d'être les seuls. La CPME, entre autres, alerte elle aussi sur les risques et juge les aides actuelles insuffisantes… Symbole de cette nouvelle bataille pour davantage d'aides, les boulangers incarnent aussi les artisans et les TPE/PME en général. « L'inflation est très inégalitaire et globalement, les petites entreprises vont être en grande difficulté », avait ainsi pointé début janvier sur BFM-TV Éric Heyer, directeur du département analyse et prévision à l'Observatoire français des conjonctures économiques, interrogé sur le risque d'un « mur de faillites » des entreprises face à la flambée des prix de l'énergie.

Si le problème, pour lui, n'est pas d'ordre macroéconomique, « ce qui est à craindre, lui semble-t-il, et les économistes sont incapables de le prévoir, c'est quand est-ce que des tensions sociales vont arriver », a-t-il ajouté, la multiplication des faillites étant synonyme de destructions d'emplois. Un danger redouté également, à l'échelle mondiale, par le Fonds monétaire international. Alors que l'effet des hausses des taux d'intérêt sur l'emploi est encore à venir, la directrice générale de l'institution, Kristalina Georgieva, a récemment fait part de ses craintes que la dégradation du marché du travail dans certains pays n'exacerbe les tensions sociales. Un risque d'autant plus présent que l'inflation reste tenace et que la crise n'est pas finie… De quoi laisser présager une année 2023 rythmée par des conflits ?

 

Auteur

  • Natasha Laporte