Le Medef est l’organisation patronale majoritaire en France, devant la CPME et l’U2P, selon les résultats de représentativité publiés mercredi 26 avril. Sans chambouler les rapports de force, cette première pesée a des impacts sensibles, notamment en termes de financement.
Après des années de tractations, de rebondissements et de retouches pour finaliser la mesure de la représentativité patronale, la Direction générale du Travail a livré son verdict. Le Medef pèse 58,37 % pour la signature des accords interprofessionnels. La CPME 27,89 % et l’U2P – réunion de l’UPA (artisants) et de l’UNAPL – (professions libérales) 13,74%.
Ces scores ont été établis en prenant en compte deux critères : le nombre d’entreprises adhérentes à chaque confédération (comptant pour 30 % dans le poids final), et le nombre de salariés de ces entreprises adhérentes (comptant pour 70 %).
« Nous sommes naturellement satisfaits du résultat, assure Michel Guilbaud, directeur général du Medef. En effet, nos entreprises adhérentes regroupent 71 % des salariés, ce qui confirme notre très forte légitimité dans les négociations sociales. Et cela nous permet de nous opposer, le cas échéant, à un accord national interprofessionnel signé par les autres organisations et que nous désapprouverions.
Medef satisfait, CPME pas malheureuse
Du côté de la CPME, François Asselin, son président, se dit renforcé par les résultats : « avec près de 28 % de représentativité, nous confirmons notre 2e place. Certes, le Medef a la majorité absolue, mais comment pourrait-il en être autrement quand près de 5 000 ETI et grandes entreprises concentrent plus de 50 % de l’emploi salarié ?
Pour autant, nous pesons près de 25 % de l’emploi salarié total et sommes particulièrement bien représentés si l’on ne prend que le champ des PME. Difficile de signer un accord sans nous, alors qu’un tiers des entreprises adhérant à une organisation patronale nous font confiance. » De fait, la CPME, que l’on disait menacée par l’U2P, maintient globalement ses positions.
Plus d'adhérents à l'U2P
Troisième organisation patronale, avec un poids de 13,74 %, l’U2P semble en retrait par rapport à ses ambitions, en dépit de l’alliance de l’UPA avec l’UNAPL. Au final, les représentants des TPE ne regroupent que 4,22 % des salariés, selon les résultats.
« Nous avons eu beaucoup de mal à faire remonter les informations sur le nombre de salariés de nos entreprises adhérentes, explique Alain Griset, président de l’U2P. De plus, les pouvoirs publics ont finalement changé la loi au bénéfice du Medef, en prenant en compte le nombre de salariés à hauteur de 70 % au détriment du nombre d’adhérents, ce qui procure aux grands groupes un avantage surdimensionné.
Mais nous nous félicitons d’être la confédération patronale avec le plus d’adhérents, c’est-à-dire 150 000, ce qui nous confère une légitimité incontestable pour négocier des règles propices à nos petites entreprises. »
Financements accrus pour les petits
Autre motif de satisfaction pour l’U2P, même si elle ne le met pas en avant : elle est la grande gagnante en matière de ressources financières. En effet, la dotation annuelle versée à la nouvelle confédération patronale par le fonds de financement du dialogue social (AGFPN) va passer de 1,8 à 3,2 millions d’euros. Tandis que le Medef devrait perdre 1,2 millions d’euros et la CGPME un peu moins de 0,2 millions d’euros.
Cette première pesée patronale aura aussi des conséquences sur le nombre de mandats dans les organismes paritaires attribués à chaque organisation : des conséquences compliquées à calculer, car les règles peuvent varier d’un organisme à l’autre. Mais la règle le plus souvent en vigueur (60 % de mandats pour le Medef, 30 % pour la CGPME et 10 % pour l’U2P) devra être revue à l’aune de la nouvelle répartition (58,37 %, 27,89 % et 13,74 %).
Nombre d'adhérents réajusté
Par ailleurs, les résultats révèlent une surprise de taille concernant le nombre d’adhérents (via les fédérations et les unions territoriales) : le Medef ne regroupe que 123 000 entreprises, alors qu’il en revendiquait jusque-là entre 750 000 et 800 000 ; il attire ainsi 29,4 % des entreprises adhérant à une confédération patronale.La CPME compte 145 000 adhérents (soit 34,5 % du total), contre 600 000 revendiqués. Enfin, l’U2P en comptabilise 150 000 (soit 35,9 % du total) contre 450 000 revendiqués.
Résultat global : 418 000 entreprises adhérent à une organisation patronale, ce qui donne un taux de syndicalisation légèrement inférieur à 10 %, si on le rapporte au nombre total d’entreprises comptabilisées par l’Insee fin 2015 ; ce taux s’établit à près de 26 %, si l’on ne prend en compte que les entreprises employant des salariés.
Quant aux résultats de représentativité dans les branches professionnelles, ils ont été communiqués aux organisations professionnelles, mais il leur faudra quelques jours pour analyser les évolutions des rapports de force dans chaque branche.