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Le DRH de l’Afpa sacrifié sur l’autel d'un mauvais climat social persistant ?

Dialogue social | publié le : 10.02.2022 | Benjamin d'Alguerre

Afpa

L’Afpa vient de licencier son DRH au motif d’une mauvaise gestion des NAO 2021. La CFE-CGC y voit plutôt une décision motivée par la persistance de la "maltraitance institutionnelle" existant au sein de l’agence dont elle attribue la responsabilité à l’autorité de tutelle.

Ce début d’année 2022 ne semble pas synonyme d’amélioration du climat social au sein de l’Agence pour la formation des adultes (Afpa). Les syndicats ont ainsi appris, début février 2022, la décision de la direction générale de l’établissement de mettre fin aux fonctions de Philippe Le Blon-Boitier, le DRH de l’établissement. Motif officieux invoqué pour ce débarquage : sa mauvaise gestion des négociations annuelles obligatoires (NAO) 2021 à l’issue desquelles quelque 3 700 salariés – sur les 7 400 CDI/CDD que compte l’Agence, soit 50 % du total – s’étaient retrouvés écartés des augmentations de salaires pourtant annoncées par la direction des ressources humaines comme "générales".

Convaincant ? Pas pour la CFE-CGC, premier syndicat de l’établissement. Le syndicat des cadres, des techniciens et agents de maîtrise juge l’explication avancée par la direction générale pour justifier le licenciement de son DRH "fallacieuse". "C’est Bercy et les tutelles qui fixent les volumes budgétaires de l’Agence, pas le DRH. Pourquoi n’ont-ils pas accordé à la direction des ressources humaines les fonds suffisants pour accorder ces augmentations générales ?", s’interroge André Thomas, président de la CFE-CGC Afpa. Et d’ajouter : "Si c’est bien la question des NAO qui permet de changer de DRH, que la direction s’engage à reprendre la négociation, le 17 février, en calant les augmentations sur l’inflation, à savoir + 2,7 % selon les prévisions de la Banque de France. Nous serons prêts à signer… sans reprendre l’ex-DRH pour autant !"

Pour l’organisation syndicale, la vérité du licenciement est ailleurs. Elle survient dans un établissement public où l’ambiance sociale est toujours dégradée. D’après elle, différentes situations très graves existent. Selon une étude, l’Afpa comptait en 2020, un taux d’absentéisme de 8,1 %, soit de 3 points supérieur à la moyenne (5,1 %) des entreprises françaises – en dépit de la signature, en 2020, d’un nouvel accord sur la qualité de vie au travail et les risques psycho-sociaux. L’ex-DRH – entré en fonction le 1er octobre 2021 – "paie les pots cassés" pour atténuer la lassitude et l’épuisement d’une partie du personnel dans les centres de formation. "La maltraitance institutionnelle date bien avant son arrivée, en octobre 2021. La gestion du CA est défaillante. À la CFE-CGC, nous savons que l’augmentation des RPS au sein de l’Afpa et sa non-gestion par les tutelles affectent durablement la bonne marche de l’entreprise (précarisation accrue – des centaines de CDD, sous-traitance accentuée, externalisation de la restauration, centaines de postes non pourvus en raison d’une faible attractivité des salaires, etc.), malgré toutes les alertes que nous avons effectuées", s’agace l’organisation syndicale qui avait, en fin d’année dernière, alerté directement le Premier ministre sur la situation de l’établissement. La CFE-CGC vient de réitérer son alerte auprès des services d’Élisabeth Borne, mais aussi de plusieurs parlementaires. La suivront-ils ? Avec quelles conséquences ? À voir dans les prochaines semaines.


 

 

Auteur

  • Benjamin d'Alguerre