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Le dialogue social original de SNCF réseau est-il en péril ?

Liaisons Sociales Magazine | Dialogue Social | publié le : 25.11.2015 | Eric Béal

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L'arrivée de la CGT et de Sud, en tant qu'interlocuteurs principaux de la DRH de SNCF Réseau, va-t-elle sonner le glas des innovations en matière de dialogue social développées ces derniers mois ?

Les élections professionnelles à peine terminées au sein du groupe SNCF, la question se pose de savoir si Bénédicte Tilloy, la DRH de SNCF Réseau pourra maintenir le même type de dialogue social. Chez l’ancien Réseau Ferré de France (RFF), le dialogue social se voulait innovant avec la création en janvier 2015 d’un comité paritaire constitué à 50% de membres de la direction et des RH. Et à 50% de représentants syndicaux. Objectif de cette instance originale et informelle : régler des problèmes concrets et mettre à plat les différences de statut des salariés au sein de ce qui n’était plus RFF, mais SNCF Réseau.

En juillet 2014, les sénateurs mettent le point final à la réforme ferroviaire. La SNCF et RFF sont fusionnés. SNCF Réseau, la nouvelle entité qui s’occupe de gérer les voies, passe de 1500 à 56 000 salariés. Les salariés du réseau, qui pour l’essentiel étaient en régime contractuel, sont rejoints par plus de 53 000 collègues cheminots sous statut. « Il fallait trouver le moyen de régler au plus vite les situations irritantes engendrées par des différences d’horaires de travail par exemple », explique la DRH.

Comité paritaire

En précisant les règles, le comité paritaire permet de solutionner des problèmes directement remontés par les salariés. Pour la DRH, cette méthode a été rendue possible par le pragmatisme des représentants CFDT (majoritaire), CFE-CGC et Unsa, seules organisations syndicales issues des élections précédentes, organisées par RFF. Une situation exceptionnelle au sein du groupe SNCF, que les élections de jeudi dernier (19/11) ont totalement bouleversée. La présence massive de cheminots dans les équipes de SNCF Réseau donne la prééminence à la CGT et à Sud, majoritaires à elles deux au niveau du groupe. Ces deux organisations accepteront-elles le maintien d’une instance non prévue par le Code du travail ?

Pour la DRH, le comité paritaire avait l’avantage d’éviter tout formalisme excessif. « Avec les syndicalistes qui siégeaient, nous avons réfléchi à la mobilité interne, précise-t-elle. La fusion fragilisait certains salariés dont le poste doublonnait avec un autre. Il y avait aussi des problèmes d’employabilité. Nous avons pris le temps d’écouter les salariés concernés. Un membre de l’équipe RH a examiné leur carrière. Des conseillers Mobilité, épaulés par un élu du CE, ont proposé leur aide. Nous avons réglé un grand nombre de situations délicates de cette manière. »

Climat social apaisé

Autres avantages d’une instance informelle sans compte-rendu, la possibilité d’évoquer des cas individuels pour mieux trouver une réponse collective. « La rapidité de réaction permet de régler des cas individuels, qui autrement seraient en attente pendant un long moment. Ce qui n’est jamais agréable pour le salarié concerné », insiste la DRH.

Habituées des joutes viriles imposées par la CGT et Sud en comité d'entreprise, Bénédicte Tilloy peut s'interroger sur la pérennité du climat social apaisé et de la culture de concertation développés au sein de SNCF Réseau. « Nous pouvions arrêter une séance de comité d’entreprise pour développer la discussion sans compte-rendu, de manière à permettre à tous d’oublier sa posture pour discuter à bâtons rompus », illustre la DRH. Ces pratiques résisteront-elles à l’arrivée de représentants syndicaux aux manières plus rudes ? Réponse dans les prochaines semaines.

Auteur

  • Eric Béal