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La réforme du code du travail sous le feu des réseaux sociaux

Liaisons Sociales Magazine | Dialogue Social | publié le : 29.02.2016 | Manuel Jardinaud

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La fronde est sans précédent contre l'avant-projet de loi de Myriam El Khomri qui touche au quotidien des Français. A coup de comptes Twitter, de pages Facebook, de sites Internet et même de vidéos, opposants et gouvernement se répondent du tac au tac. Décryptage.

Pétition sur le Web, page Facebook dédiée, mobilisation sur Twitter… La fronde après la divulgation de l’avant-projet de loi de Myriam El Khomri sur la réforme du code du travail prend une ampleur sans précédent.

La première loi 2.0 ? Romain Badouard, maître de conférences à l’université Cergy-Pontoise et spécialiste des mouvements contestataires sur les réseaux sociaux, récuse le terme, rappelant la mobilisation contre le mariage pour tous. « Ce qui est nouveau cependant, c’est le niveau de contestation avec la pétition sur Change.org qui a recueilli plus de 500 000 signatures et une page Facebook rassemblant près de 40 000 like, un autre groupe Facebook appelant à la grève rassemblant déjà 48 000 personnes et l’utilisation de #Onvautmieuxqueça sur Twitter qui compte près de 50 000 tweets », analyse-t-il.

Un mouvement global qui « permet de quantifier et d’évaluer une prise de position au sein de l’espace public », ajoute Romain Badouard. Avec l’utilisation de #Onvautmieuxqueça, lancé par un groupe de Youtubeurs, ce sont même des réalités du terrain, des expériences de vie au travail qui remontent à la surface. Et sont une brique supplémentaire pour mobiliser les opposants autour d’un thème fédérateur : la précarité, l'inéquité du marché de l'emploi, et ce, au-delà même de l’enjeu de la réforme législative.

Le gouvernement a dû réagir rapidement. D’abord, avec un site Vrai/Faux, censé répondre aux critiques des opposants. Puis, face à la montée de la grogne virale, le ministère du Travail est passé à la vitesse supérieure en créant un compte Twitter, @LoiTravail, avec pour objectif, là aussi, de tenter de rétablir une vérité gouvernementale. Mais aussi d'interagir avec les citoyens. Bilan : en quelques minutes, « un bad buzz, selon Romain Badouard, en raison d’un ton infantilisant qui montre, une fois encore, une déconnexion totale des politiques avec les internautes. »

Il en fallait plus pour décourager Myriam El Khomri. Sa parade, qui représente une première dans la communication politique : elle répond directement aux plus de 500 000 mécontents qui ont signé la pétition pour le retrait de son projet de loi… sur le site même de la pétition. « Cette réaction témoigne d'une volonté de dialoguer et de désamorcer la fronde. Et, surtout, cela met en avant une prise de conscience de l’importance de la mobilisation », juge l’universitaire.

Le projet de loi doit être présenté en conseil des ministres le 9 mars. Peu de chance que, d’ici là, cette contestation 2.0 soit apaisée. Va-t-elle jouer en faveur des syndicats de salariés, vent debout contre le texte, alors qu'ils sont dépassés par les cyber-citoyens ? « Ils peuvent appuyer leurs revendications sur ce mouvement et tenter de les traduire dans la rue, qui est leur mode traditionnel d'action », suggère Romain Badouard. Une grande manifestation intersyndicale doit avoir lieu le 31 mars. Mais le hashtag de cet événement n’a pas encore été créé…

Auteur

  • Manuel Jardinaud