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La CGT reprend l’offensive contre la loi travail

Liaisons sociales magazine | Dialogue Social | publié le : 30.08.2016 | Anne Fairise

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Abrogation de la loi travail et relance de la campagne sur les 32 heures… la CGT veut mettre les questions sociales au cœur des débats à huit mois de l'élection présidentielle. 

L’été n’a pas entamé la détermination de la CGT à en finir avec la loi travail. « Une loi qui était mauvaise au printemps est toujours mauvaise à l’automne ! » a expliqué mardi 30 août Philippe Martinez, le secrétaire général de la CGT. Sans surprise, le patron du premier syndicat de salariés a confirmé, lors de sa conférence de rentrée, son intention de continuer la bataille pour obtenir l’abrogation de la loi promulguée le 8 août, « en pleine trêve estivale sans même avoir été votée », grâce à un troisième recours du gouvernement au 49-3.

« L’abrogation est l’un des mots d’ordre de la rentrée », a martelé Philippe Martinez, qui a évoqué le précédent du « contrat premier embauche » (CPE), promulgué en avril 2006 mais jamais appliqué. Un objectif qui relève de la gageure après déjà cinq mois de mobilisations infructueuses et une implication décroissante des organisations de jeunesse, contrairement à 2006. « Début juillet, l’opinion restait très défavorable à cette loi et une majorité de citoyens considéraient que les mouvements de contestation devaient se prolonger après l’été », a expliqué Philippe Martinez.

Mobilisation sociale et juridique

Il portera la revendication sur le pavé parisien dès le 15 septembre, nouvelle journée d’action interprofessionnelle prévue avec FO, la FSU, Solidaires et les trois organisations de jeunesse (Unef, UNL et FIDL). Ce sera la treizième du genre depuis le mois de mars. D’ores et déjà, la centrale de Montreuil a recensé une quarantaine de manifestations annoncées dans d’autres villes. Un début ? Les sept syndicats doivent se réunir ce mercredi 31 août pour définir les modalités d’actions et envisager la suite à donner au mouvement. Ils se retrouveront également pour débattre « et affiner l’approche revendicative », lors du forum social prévu le 10 septembre à l’occasion de la traditionnelle fête de l’Humanité à La Courneuve (Seine-Saint-Denis).

Mais la lutte se prépare également sur le terrain juridique. « Nous n’écartons aucun recours juridique concernant cette loi », a prévenu le leader cégétiste. La centrale étudie notamment les possibilités de recours à l’OIT et à l’ONU… qui n’ont aucun pouvoir de sanctions. « L’image de la France sociale est dans le collimateur », a rétorqué Philippe Martinez. Il table surtout sur les problèmes d’application et compte favoriser l’émergence de questions prioritaires de constitutionnalité (QPC) auprès du Conseil constitutionnel, dans l’espoir que celui-ci abroge certains articles de la loi du 8 août.

D’ores et déjà, la CGT a repéré plusieurs sujets susceptibles de faire l’objet de QPC, « sur les conditions du licenciement économique selon la taille des entreprises ou la barémisation des indemnités prud’homales », a précisé Catherine Perret, membre du bureau confédéral. Cette offensive juridique, la CGT a décidé de la mener avec FO, particulièrement en pointe dans ce domaine. Un rapprochement qui reste de circonstances. « Cela ne signifie pas que la CGT et FO sont d’accord sur tout », a précisé Philippe Martinez qui brandit le totem du « syndicalisme rassemblé », bien que ce dernier soit de plus en plus contesté en interne, n’ayant recueilli qu’un petit score lors du dernier congrès de Marseille (63,7% de voix pour la résolution). Louvoyant, le leader de la CGT s’est dit prêt «  à travailler avec toutes les organisations syndicales, y compris la CFDT ».

Promotion des 32 heures, deuxième acte

Le second mot d’ordre de la rentrée est…  la relance de la campagne en faveur de la réduction du temps de travail à 32 heures. « Le meilleur moyen de créer de l’emploi », juge Philippe Martinez. Officiellement initiée en octobre 2015, celle-ci a pâti de la mobilisation de la centrale contre la loi travail. Un programme de formations des adhérents sur le sujet doit être lancé dès le 31 août, ainsi qu’une nouvelle campagne de communication interne. 

« La France a les moyens de financer une politique sociale ambitieuse », a martelé Philippe Martinez, rappelant que la France se situe au troisième rang mondial en matière de hausse des dividendes versés aux actionnaires. Le passage aux 32 heures est le sujet qu’il compte promouvoir pendant le débat présidentiel. Un débat, jugé aujourd'hui trop axé sur les questions sécuritaires et identitaires, qu'il souhaite voir « enfin » recentré sur les enjeux sociaux. « Les préoccupations des citoyens et des salariés, a rappelé Philippe Martinez, sont la lutte contre le chômage, la lutte contre les inégalités et le pouvoir d'achat ». 

Auteur

  • Anne Fairise