Le congrès confédéral de Force ouvrière étudie ce lundi 2 février les comptes de l’organisation. À partir de documents très opaques, qui taisent le montant des cotisations encaissées.
En ouverture du 23ème congrès confédéral de Tours, les quelque 2500 délégués doivent approuver, ce lundi 2 février après-midi, les comptes de leur organisation syndicale. Un exercice que beaucoup jugent fastidieux, et qui donnent généralement lieu à un minimum de débats.
Et pourtant, il y a beaucoup à dire sur les comptes que présente pour la dernière fois Rose Boutaric, la trésorière, qui quitte ses fonctions à la fin de la grand-messe. Car les tableaux chiffrés, qui figurent dans le volumineux rapport 2015 distribué à tous les participants, est un modèle d’opacité.
Un tiers de cotisations
Chose extraordinairement curieuse, le montant des cotisations syndicales perçues de 2010 à 2013 n’y figurent pas. Un graphique montre, certes, l’évolution de celles-ci sur les quatre derniers exercices mais la direction confédérale n’a pas jugé utile d’indiquer la moindre valeur en abscisse. Un oubli, bien sûr ! Dès lors, impossible de connaître le poids des cotisations dans le budget !
Les chiffres sont pourtant disponibles. Ils figurent chaque année dans les comptes annuels de l’organisation, déposés au Journal officiel et vérifiés par un commissaire aux comptes. Ces documents, autrement plus rigoureux, indiquent ainsi que la CGT-F0 a collecté 8,1 millions d’euros au titre des cotisations en 2013. Un montant quasi identique à celui de 2012.
Une somme conséquente. Mais qui ne représente qu’un petit tiers des 25,4 millions d’euros de produits d’exploitation de la centrale syndicale en 2013. Si on y ajoute les 2,54 millions de « production vendue », les ressources internes de l’organisation dépassent très légèrement les 40%.
Une indépendance financière factice
Des chiffres qui devraient intéresser les congressistes. Mais que l’équipe de Jean-Claude Mailly a décidé de taire. Les rapports financiers présentés à Tours préfèrent, eux, parler de « ressources propres » mais sans jamais en détailler le contenu. Par un curieux jeu de passe-passe, l’organisation parvient même à revendiquer son indépendance financière. Sur les trois derniers exercices, elle affiche ainsi des ressources « internes » très légèrement supérieures à celles « externes ». De quoi lui permettre d’affirmer qu’elle vit majoritairement par ses propres moyens…
À la lecture des vrais comptes, cette indépendance financière s’avère pourtant factice. D’autant plus que les documents comptables ne valorisent pas les personnes mises à la disposition de l’organisation. Elles sont pourtant 29 à travailler dans ce cadre. Un nombre à comparer aux 147 permanents référencés par la confédération. Si cet apport en nature était comptabilisé, la part des cotisations dans le budget confédéral n’atteindrait pas 30 %...