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La CGT de Philippe Martinez au pied du mur

Liaisons Sociales Magazine | Dialogue Social | publié le : 19.04.2016 | Emmanuelle Souffi

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Un an et demi après le scandale Lepaon, la première centrale de France panse encore ses plaies. Le congrès confédéral doit donner à Philippe Martinez une vraie légitimité. Mais la CGT manque toujours d’une ligne claire et souffre d’une organisation dépassée.

Dans son bureau de la Porte de Montreuil, Philippe Martinez tente de faire oublier son prédécesseur. Quand bien même le parquet témoigne encore du goût de Thierry Lepaon pour les belles choses. Cloué à l’entrée, un tableau orné de bacchantes façon pop art, offert par les enfants du secrétaire général, semble faire des pieds de nez aux remous et scandales que la centrale a vécus au cours des trois dernières années. Are you serious ? y est-il inscrit. La question est plutôt bien posée. Car, dans les ministères comme à la CFDT, le grand rival réformiste, on s’inquiète du virage très radical pris par la centrale, et de son splendide isolement sur la scène syndicale.

À la CGT, on a l’habitude de voir ressurgir les discours de lutte à la veille des congrès confédéraux. Une façon de ressouder les troupes à bon compte. Nul doute que l’organisation, qui a fêté ses 120 ans en 2015, y succombera, du 18 au 22 avril, lors de son 51e congrès à Marseille. La confédération cherchera aussi à s’y donner un cap clair, et une nouvelle direction en ordre de marche. Pas simple, tant les dissensions restent vives. La CGT aurait d’ailleurs pu choisir un lieu plus serein pour sa grand-messe : l’union départementale des Bouches-du-Rhône est en pleine tourmente. Symptomatique des conflits qui traversent l’organisation depuis le départ de Bernard Thibault, début 2013.

Trois ans après, l’échec de sa succession reste un boulet qui la plombe. « Bernard a tout planté. Son entêtement à écarter Éric Aubin qui avait le soutien des organisations reste encore aujourd’hui totalement incompréhensible », affirme un membre de la commission exécutive (CE), l’instance de direction de la centrale.

À Marseille, Philippe Martinez devrait enfin ­asseoir sa légitimité dans les urnes, celle qui lui manque depuis son intronisation voilà quatorze  mois. Car, comme le souligne une proche, « Thierry Lepaon et Philippe Martinez ont un point commun : ils se sont autodéclarés et ont été élus par défaut ». Le technicien de Renault a dû s’y reprendre à deux fois pour emporter le secrétariat général en février 2015. Ça partait mal ! Même avec un bureau confédéral à sa botte, impossible de réconcilier une CGT totalement morcelée, sans aucune ligne directrice claire. « Sous Lepaon, on a laissé les rubans flotter, ­explique une membre de la CE. Martinez, lui, a réaffirmé le principe d’un syndicalisme de lutte des classes, ce qui était plutôt rassurant. »

Auteur

  • Emmanuelle Souffi