En développant des outils 2.0, l'Ugict-CGT veut accompagner ses troupes vers une communication plus digitale. Mais l'écart est encore grand avec la réactivité des mobilisations citoyennes.

Depuis le début de la mobilisation contre le projet de loi El Khomri, hashtags, comptes Twitter, sites et blogs ad hoc fleurissent au gré de la fronde et des formes de lutte. Face à cette effervescence, les organisations syndicales semblent à la peine pour prendre en main ces outils 2.0. Sauf l’Ugict CGT (ingénieurs et cadres), qui tente d’accompagner adhérents et structures dans leur communication sur Internet. Une démarche innovante dans le monde du syndicalisme.

«On se veut une boite à outils», résume Damien Ramage, conseiller en communication de l’Ugict. Son credo : rester fidèle au principe du web ouvert en mettant à disposition des applications pour qu’elles se diffusent. La dernière, encore en version beta, tient de l’expérimentation. Nommée TER1, elle est qualifiée de «réseau de coopératives numériques syndicales».

Plateforme collaborative

«Il s'agit d'un site qui, à terme, cumulera réseau social et plateforme collaborative et de partage», précise le chef de projet. En fonction des remontées des syndicats qui défrichent actuellement ses fonctionnalités, le site pourrait intégrer un chat, des forums de discussion, de la visioconférence, des partages de fichiers, des Moocs…

En développement depuis six mois, le site a déjà trouvé un usage avec les manifestations contre le projet de loi Travail. «TER1 a été utilisé comme une plateforme de mobilisation avec du partage de matériel, la possibilité de géolocaliser les manifestations, des propositions d’actions», explique Damien Ramage, qui souhaite démontrer en interne l’utilité de ce nouvel outil unique porte de Montreuil.

Formation aux réseaux sociaux

La plateforme devrait être opérationnelle début 2017. L’offre de l’Ugict est complétée par un site (reference-syndicale.fr) qui sert de base à la création de blogs de syndicats. Depuis quatre ans, une centaine de structures locales l’utilisent, et une autre centaine planchent au développement d'un site à partir de cette base. En outre, plus de 100 syndicalistes ont été déjà formés à l’usage des réseaux sociaux.

Au final, Damien Ramage veut montrer que, «avec leur autonomie, les syndicalistes de la CGT sont très bien placés pour le web social car ils cultivent le débat, ils ont une parole indépendante. Cette culture syndicale s’inscrit bien dans la culture numérique». Reste à en convaincre le grand public. Ainsi, en trois semaines, le mouvement Nuit Debout s’est équipé de tous les attributs 2.0 et a fédéré des milliers de fidèles sur les réseaux sociaux. En comparaison, le compte Twitter de la confédération n’atteint pas… les 360 abonnés !