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La CFTC veut promouvoir un "nouveau contrat social"

Liaisons Sociales Magazine | Dialogue Social | publié le : 31.03.2015 | Stéphane Béchaux

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À huit mois de son congrès, la centrale affiche son ambition de repenser le modèle social français. Mais sans donner la moindre piste pour passer des paroles aux actes. Explications

À huit mois de sa grand-messe confédérale, prévue cet automne à Vichy, la CFTC fait preuve d'ambition. Elle assure vouloir profiter des prochains mois pour mener un vaste travail de réflexion sur son positionnement et ses revendications dans une économie mondiale en pleine mutation. "Avec notre système de protection sociale, on est en décalage. On a du mal à réguler les nouvelles formes d'emplois qui émergent dans et en dehors du salariat", observe Philippe Louis, son président.

Revendiquant depuis une décennie l'émergence d'un "statut du travailleur", au sein duquel les droits sociaux seraient portés par les individus et non plus par leur contrat de travail, la centrale chrétienne juge nécessaire de pousser plus loin la réflexion. Et de mettre la question d'un nouveau "contrat social" au cœur de la motion d'orientation qui sera débattue en congrès.

Trio sans concurrence

Le moment est plutôt bien choisi, l'organisation ayant fait taire ses guerres de chefs. Sauf grosse surprise, les congressistes n'auront en effet pas à débattre en fin d'année de la composition de leur équipe dirigeante : le trio confédéral – Philippe Louis (président), Pascale Coton (secrétaire générale), Bernard Sagez (trésorier) – ne devrait pas avoir d'adversaires.

Sauf que, des paroles aux actes, il y a un fossé. Et aucune piste sérieuse ne se dessine sur les voies à emprunter pour repenser le modèle social tricolore. "On a beaucoup de difficultés à dire qu'il faut abandonner le CDI. Et pourtant, ce type de contrat n'existera peut-être plus demain", insiste Philippe Louis. "On n'a pas les solutions. Mais si on ne les cherche pas, on ne les trouvera pas", complète Joseph Thouvenel, vice-président confédéral et négociateur en chef sur les questions relatives au marché du travail.

Esprit de rupture

Les dirigeants de la CFTC promettent de plancher sérieusement sur le sujet d'ici à l'automne. Avec l'ambition de faire trancher de nouvelles orientations lors du congrès confédéral. Mais ils restent muets sur le calendrier, la méthode, les experts qui pourraient leur permettre d'y parvenir.

Revendiquant un "esprit de rupture", la maison fait preuve, pour l'instant, d'un relatif conservatisme. Elle se refuse, par exemple, à assouplir le cadre juridique des accords de maintien de l'emploi. "Le Medef prétend que l'échec de ces accords tient à la trop grande complexité de leur mise en œuvre. Nous, nous pensons que si les entreprises n'en signent pas, c'est qu'elles n'en ont pas besoin",  argumente Joseph Thouvenel.

Nouvelles implantations

Sur la défensive, la confédération n'entend pas davantage s'engager dans la création d'accords de maintien de l'emploi "offensifs". "S'il s'agit de faire de la dérèglementation en matière de temps de travail et de salaire pour toutes les entreprises, on n'est pas d'accord. Mais s'il faut accompagner celles qui investissent et doivent se réorganiser dans ce cadre-là, pourquoi pas", nuance Philippe Louis.

S'affichant comme le "syndicat de construction sociale", la CFTC ambitionne donc de faire entendre sa petite musique dans le pôle des organisations réformistes. Pas simple pour la centrale, qui a le plus grand mal à exister dans la négociation sociale à côté de l'omniprésente CFDT. Bien que peu audible, l'organisation n'en garde pas moins un rôle crucial pour la démocratie sociale. Avec son audience de 9,3%, sa signature reste souvent indispensable pour rendre les accords interprofessionnels majoritaires.

Contredisant la CGT et la CFDT, qui pronostiquent sa perte de représentativité en 2017, la CFTC s'affiche sereine en matière d'audience. "Honnêtement, nous n'avons pas d'inquiétude", assure Philippe Louis. L'organisation met en avant son implantation récente dans "une cinquantaine d'entreprises" et l'arrivée de 11600 nouveaux encartés. Insuffisant, néanmoins, pour compenser la perte de deux grosses structures (les pompiers professionnels et les policiers municipaux), parties rejoindre FO. D'après son trésorier, Bernard Sagez, la centrale compterait 135000 adhérents.

Auteur

  • Stéphane Béchaux