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La CFE-CGC veut démontrer que compétitivité et performance sociale vont de pair

Liaisons Sociales Magazine | Dialogue Social | publié le : 23.06.2015 | Stéphane Béchaux

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La centrale a fait réaliser un sondage auprès des cadres sur la politique sociale de leurs entreprises, selon qu’elles sont en bonne santé financière ou non. Elle en conclut que performances économique et sociale sont liées.

Pour inciter les dirigeants à mettre en œuvre des politiques sociales haut de gamme, quoi de mieux qu’une enquête prouvant que les entreprises ont tout à y gagner ? Forte de cette conviction, l'organisation présidée par Carole Couvert s’est attelée à ce délicat sujet en commandant son propre sondage à l’institut Opinionway. « On a d’abord cherché des données là-dessus, mais on a vite constaté qu’il n’y avait rien. On a donc décidé de construire notre propre baromètre », justifie la CFE-CGC.

Réalisée à l’automne par Opinionway auprès de 1002 cadres et professions intermédiaires d’entreprises de plus de 50 personnes, l’enquête s’est d’abord efforcée de classer les salariés en trois catégories, en tenant compte compte de la santé financière de leur employeur. Ont ainsi été jugées « performantes », « à performance modérée » ou « peu performantes » les entreprises qui les emploient, selon qu’elles ont connu une croissance – ou une baisse – plus ou moins forte de leur chiffre d’affaires, de leur résultat net et de leurs effectifs au cours des trois dernières années.

Une fois cette classification établie, les personnes interrogées ont été invitées à évaluer leur entreprise sur trois dimensions : la qualité de vie au travail (QVT), la politique salariale et le dialogue social. Sans beaucoup de surprise, il en ressort que les entreprises les plus compétitives sont aussi celles qui obtiennent les meilleurs scores dans chacun des trois domaines. Avec des écarts parfois très marqués.

Des perspectives d'évolution contrastées

En matière de QVT, les cadres attribuent, sur une échelle de 1 à 10, une note moyenne de 6,4 à leur entreprise, qui va de 7,1 pour les plus performantes à 5,9 pour celles en difficulté financière. Certains items – horaires de travail, relations avec les collègues, conditions matérielles – révèlent une relative homogénéité. D’autres montrent, en revanche, de vraies différences. Notamment la reconnaissance au travail, jugée satisfaisante par 60% des salariés des entreprises performantes et seulement par 37% de ceux travaillant dans une structure en mauvaise santé. Idem pour la charge de travail (79% contre 52%), le climat de travail (78% contre 55%) et, plus encore, les perspectives d’évolution professionnelle (71% contre 36%).

Sur la question salariale, les cadres interrogés se montrent, globalement, peu satisfaits, quelle que soit la situation financière de leur employeur. Mais, là encore, ceux exerçant dans une entreprise en croissance portent un regard plus positif que ceux relevant de sociétés en difficulté. Et les écarts s’avèrent même considérables, qu’il s’agisse de la satisfaction à l’égard de la clarté de la politique salariale (46% contre 22%), de son objectivité (48% contre 24%), de son équité (47% contre 21%) ou de sa transparence (40% contre 21%). Des différences qui se retrouvent dans les situations individuelles, les augmentations étant plus fréquentes et plus importantes dans les entreprises en bonne santé que dans les autres.

En matière de dialogue social, les tendances restent identiques. Les salariés des sociétés les mieux loties se sentent ainsi mieux informés sur la stratégie de leur employeur que les autres (63% contre 38%). Ils sont aussi plus nombreux (33% contre 15%) à considérer que leur avis est pris en compte par leur direction. Mais ce taux reste néanmoins désespérément bas. De même, conflictualité et logiques de dialogue ou d’opposition s’avèrent corrélées avec la santé financière.

Classement avorté

De ces résultats assez attendus, la CFE-CGC conclut que compétitivité et performance sociale vont de pair. Et que des politiques sociales haut de gamme nourrissent les résultats économiques. Un plaidoyer pour la qualité des relations de travail, en quelque sorte ! Mais l'analyse ne manquera pas d'être contestée. Il est en effet autrement plus facile pour un employeur de se montrer généreux lorsque sa santé financière le lui permet !

À l’origine, la CFE-CGC avait envisagé d’accompagner ce baromètre d’un classement des entreprises où il fait bon travailler. Mais la centrale de Carole Couvert y a renoncé, considérant l’exercice comme trop périlleux. Et de nature à mettre, potentiellement, ses équipes de militants en position délicate dans leurs entreprises. Une décision probablement sage…

Auteur

  • Stéphane Béchaux