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La CFDT met un pied dans le syndicalisme de services

Liaisons Sociales Magazine | Dialogue Social | publié le : 04.11.2015 | Emmanuelle Souffi

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En plein « syndicalisme bashing », la CFDT lance un service téléphonique personnalisé pour aider ses adhérents à résoudre leurs difficultés professionnelles et personnelles. Et faire la preuve de l’utilité d’adhérer.

Mais à quoi ça sert de prendre sa carte ? De nombreux salariés se posent la question au moment d'adhérer, ou non, à un syndicat. Pour que le militantisme ait, aussi, une vraie utilité à titre individuel, et qu’accessoirement, il donne envie de rejoindre le bataillon, la CFDT vient d’ouvrir une plateforme téléphonique chargée de résoudre les tracas quotidiens des 860 243 adhérents revendiqués. En appelant le 09 69 39 19 39, ils tombent sur un conseiller de Domplus qui, en fonction du niveau juridique de la question, répond directement ou renvoie à une union régionale.

Une première dans le paysage syndical français qui, jusque-là, restait hostile à une forme plus « consommatrice » de syndicalisme telle qu’elle existe dans les pays du nord de l'Europe et aux Etats-Unis. « Nous souhaitions apporter davantage de services à nos adhérents dans leur vie professionnelle et personnelle en nous appuyant sur les compétences de nos mandatés, souligne Laurent Berger, le secrétaire général. C’est en développant le service qu’on fera vivre le syndicalisme, ce qui ne signifie pas que nous renonçons à la mobilisation et aux propositions pour faire valoir nos idées. »

Expertise interne

La centrale avait déjà mis un pied dans le syndicalisme de service en 1973, en créant la Caisse nationale d’action syndicale (Cnas). Celle-ci apporte une aide pécuniaire en cas de grève et un soutien juridique. Certaines fédérations proposent également des assurances professionnelles.

Mais l'extension de la démarche est toute récente. C'est en 2010, lors du congrès de Tours, que la confédération alors dirigée par François Chérèque décide d’expérimenter une nouvelle offre en valorisant les savoir faire des militants. « Réponses à la carte » est alors testé dans trois régions en 2011. Puis généralisé quatre ans plus tard.

8 appels sur 10 sur le travail

Selon un premier bilan dans les territoires tests, 80 % des appels portent sur le travail (congés payés, convention collective, primes, salaires…) et l’évolution de carrière. Le passage à la retraite représente 7 % des questions, et la vie personnelle (surendettement, logement) 10 %. « L’objectif est d’obtenir une réponse ou au moins un contact dans les trois jours. Toute demande doit être résolue par le militant de proximité », prévient Hervé Garnier, secrétaire national chargé du projet. 

Pour l’heure, 1,5 % des adhérents ont composé le numéro. Sans pour autant vider les permanences syndicales. La CFDT qui, comme les autres centrales, a fait de la fidélisation un enjeu de survie et de crédibilité multiplie également les ouvertures de locaux dans les lieux de passage des salariés, telles les gares. « Nous passons du « venez vers nous » au « allons vers vous » », conclut le numéro cédétiste. A l’heure des réseaux sociaux, c’est finalement aussi sur le terrain que la bataille de la visibilité se gagne.

Auteur

  • Emmanuelle Souffi