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« Il y a, chez les salariés, une forte demande de dialogue » (Res Publica)

Dialogue social | publié le : 27.11.2020 | Gilmar Sequeira Martins

Gilles-Laurent Rayssac, président de Res publica, livre sa vision de l’état d’esprit actuel des salariés à partir des résultats de l’enquête #Monretourautravailjenparle.

Quelles conclusions tirez-vous de cette enquête menée du 25 mai au 10 octobre ?

Gilles-Laurent Rayssac : Trois conclusions peuvent être tirées de cette enquête qui porte sur le retour au travail après le premier confinement. La période de déconfinement a marqué le retour à la « dure réalité » du fait des craintes exprimées sur le plan sanitaire, même si, en contrepoint, une majorité de personnes (85 %) se sentent protégées. Le second élément important se manifeste dans l’expression de craintes sur la charge de travail et son organisation. Le troisième point clef porte sur la confiance. Dans la première enquête Montravailàdistance, il y avait une importante part positive quant à la confiance des salariés dans les managers. Là, la confiance dans les managers a baissé, de même que la qualité de la relation. La qualité de la collaboration entre équipes et au sein des équipes est moins bonne qu’après le confinement. Finalement, il semble que la façon dont les choses se sont déroulées durant le premier confinement a constitué une parenthèse, le déconfinement marquant un retour au fonctionnement classique, à la situation qui prévalait auparavant.

Quels changements majeurs avez-vous observés ?

G-L. R. : Même si 52 % des salariés n’ont pas changé de regard sur l’entreprise, 28 % disent avoir désormais une vision négative. Il semble que ce soit lié aux conditions de sortie du déconfinement. L’enquête montre aussi que 52 % des salariés estiment que la place du travail dans leur vie a changé, de même, pour 59 % d’entre eux, que l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée, ainsi que l’organisation du travail (65%). L’enquête amène à une seconde conclusion, à savoir que les salariés portent un regard assez pessimiste sur des aspects importants tels que le travail collectif, l’équilibre vie pro / vie privée, l’ambiance, la motivation, la charge de travail ou la confiance. Sur tous ces aspects, la vision négative l’emporte de façon assez importante. Pensent-ils qu’ils auront plus de responsabilité et d’autonomie ? À 42 %, les salariés estiment que non, même si 38 % déclarent l’inverse. Les entreprises seront-elles à l’avenir plus soucieuses du bien-être de leurs salariés ? Une majorité (51 %) ne le croit pas. Une vision négative se dégage aussi lorsqu’est évoquée la possibilité dans le futur que les salariés des activités essentielles soient mieux rémunérés ou que les entreprises prennent mieux en compte leur responsabilité sociale et environnementale. Les majorités ne sont pas très fortes mais elles révèlent une vision négative. Il y a aussi une forte incertitude sur l’avenir. Par exemple sur l’organisation des locaux. Une majorité de salariés (54 %) estime qu’il y aura moins de bureaux ouverts mais ils sont presque aussi nombreux (48%) à penser qu’il y aura moins de bureaux individuels et 49 % présument que les flex office vont prendre de l’ampleur… Le manque de cohérence de ces réponses indique que les salariés sont dans l’incertitude sur l’évolution de l’organisation des locaux. C’est aussi l’un des aspects de la vision assez pessimiste qui se dégage.

Quel rapport ont les salariés avec le dialogue social ?

G-L. R. : Cette enquête montre aussi, et c’est ma troisième conclusion, qu’il y a une forte demande de dialogue social. Les salariés veulent être impliqués à 83 % dans l’organisation du travail, à 78 % dans l’organisation du temps de travail, à 77 % dans l’organisation de l’espace de travail, à 82 % dans la détermination des conditions de travail… La demande est claire et massive. Cela montre bien leur volonté d’être pris en compte dans ces décisions, or pour l’instant, ce n’est pas un schéma particulièrement développé en France. Ce hiatus va finir par poser un problème. Tout se passe comme si le confinement avait ouvert des possibilités qui se referment les unes après les autres. Le confinement avait fait surgir un aspect positif puisque les salariés avaient bénéficié de plus d’autonomie, étaient moins sous le « command and control » et avaient bénéficié de plus de confiance de la part de leur management, et, malgré l’éloignement, la coopération avait été meilleure entre équipes et au sein des équipes. La période de déconfinement montre que l’exceptionnel ne dure pas ; mais elle montre aussi que la demande de dialogue, de prise en considération de la parole des salariés est très forte, peut-être encore plus qu’auparavant.

Propos recueillis par Gilmar Sequeira Martins

Auteur

  • Gilmar Sequeira Martins