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Dialogue social : ce que proposent les candidats à la présidentielle

Dialogue social | publié le : 11.03.2022 | Judith Chetrit

Dialogue social

Une audition, et non “un interrogatoire” dixit Laurent Berger : en ouvrant brièvement l’exercice au siège national de la CFDT, le secrétaire général se montre un brin rassurant à l’égard des six candidats et/ou de leurs représentants invités qui sont sur le point de défiler sur l’estrade – à l’exception de Marine Le Pen et d’Éric Zemmour. Lui restera assis devant au premier rang pendant toute la matinée. Et reconnaît même à l’issue que ce qu’il a écouté l’a “parfois gratté”. 30 minutes, 5 thématiques : le dialogue social, le modèle social français, la place des entreprises et des travailleurs dans la transition écologique, le pouvoir d’achat et l’Europe sociale. Si le rôle du syndicalisme est la question posée d’entrée de jeu, ce n’est pas une surprise. Comme à chaque mandat, la centrale attend des élus qu'ils “laissent une place à la démocratie sociale”. Mais quelle place exactement ? Les candidats promettent un beau rôle aux corps intermédiaires, les salariés et syndicats en tête. Le marteler a un effet immédiat, pas tant à l’applaudimètre qu’aux hochements de têtes dans l’audience. La raison ? C’est le président LREM de l’Assemblée nationale qui le dit encore le mieux : “Ne pas encourir le risque qu’en 2027, on puisse nous faire encore le reproche de la verticalité” car il y a eu “des vicissitudes, des controverses, des désaccords, mais aussi des concertations et des négociations”, résume-t-il.

Syndicats malmenés? Pas avec moi, répondent-ils tous en chœur. Pêle-mêle, le souhait d’Anne Hidalgo de “voir les salariés reprendre leur place dans l’entreprise avec la codétermination” car “rien ne peut se faire sans dialogue social” qui “enrichit les décisions de l’employeur” et “fait mieux fonctionner des organisations”. Chez Yannick Jadot, qui veut créer un chèque syndical (de l’ordre de 0.5 % de la masse salariale d’après son programme en ligne), “le syndicalisme est essentiel à la construction pas seulement de la démocratie sociale, mais essentiel au processus démocratique”. Une “place centrale et surtout renouvelée” pour le patron des députés LR, Damien Abad, qui s’exprime au nom de Valérie Pécresse.

Compte tenu des multiples critiques de la CFDT qui ont semé le quinquennat finissant sur la rénovation ratée du dialogue social et la mise en place peu qualitative des CSE à la suite des ordonnances Macron, certains prétendants à l’Élysée n’ont pas hésité à rebondir dessus. Tant Anne Hidalgo que le député insoumis Éric Coquerel (représentant Jean-Luc Mélenchon) opteraient pour la réinstauration des CHSCT. “Leur fusion a retiré une partie du dialogue sur les conditions du travail”, regrette la candidate d’un "projet très social-démocrate" qui a rappelé son premier engagement à la CFDT à son arrivée à l’Inspection du travail en 1982. Éric Coquerel parle même de “stupidité” particulièrement révélée durant la pandémie. Exactement comme ce dernier qui blâme l’inversion de la hiérarchie des normes, le candidat du PCF, Fabien Roussel, annonce que si élu, aussi bien la loi El Khomri que les ordonnances Macron seront supprimées en promettant “la construction de nouveaux pouvoirs pour les salariés et les organisations syndicales” à l’image d’un droit de veto sur les plans de licenciements et un droit de préemption des salariés sur la reprise d’une entreprise. Côté Les Républicains, il y aura également “des ajustements” des ordonnances Macron.

Les mécaniques de la concertation et de la négociation au niveau national ou des entreprises ont fait également l’objet de propositions. Tout en défendant le bilan du président-candidat, Richard Ferrand insiste sur le travail en amont plus approfondi entre les parlementaires et les associations et syndicats, dans la lignée du “grand débat permanent” avancé par Emmanuel Macron pour lancer son début de campagne. Pour Damien Abad, c’est l’aval qui reste à améliorer car “parfois oublié”. Plébiscitant la règle négociée, il promeut un meilleur suivi des mesures prises avec des clauses de rendez-vous.

 

 

Auteur

  • Judith Chetrit