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Démonstration de force syndicale chez Air France

Liaisons Sociales Magazine | Dialogue Social | publié le : 16.03.2015 | Emmanuelle Souffi

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Les syndicats réformistes enregistrent une victoire historique aux  élections professionnelles. Mais font bloc avec les contestataires pour boycotter le lancement de la refonte des accords d'entreprise.

L’union fait la force ! Sitôt passées les élections professionnelles, les organisations syndicales représentatives d’Air France ont décidé comme un seul homme de boycotter la réunion de ce lundi 16 mars qui devait donner le coup d’envoi de la renégociation des accords d’entreprise.

Un revers pour Alexandre de Juniac, qui avait annoncé lui-même dans la presse la semaine dernière son intention de réunir tous les représentants en vue d’élaborer une nouvelle stratégie sociale dans le cadre du plan Perform 2020. Celui-ci, qui prend le relais de Transform, doit permettre à la compagnie d’être plus compétitive. Et rentable alors qu’elle a accusé une perte nette de 198 millions d’euros en 2014.

Coup de semonce

Dans un communiqué commun, la CFE-CGC, l’Unac-CGC, FO, le SNPC-FO, la CFDT, l’Unsa aérien, l’Unsa PNC, la CGT, le SNPL et le Spaf disent ne pas avoir apprécié « la méthode » du président d’Air France-KLM. Ils y voient une manœuvre alors que le comité de nomination chargé d'examiner le renouvellement d’Alexandre de Juniac à la tête de la holding devait se réunir… quelques heures après la fameuse table ronde finalement reportée.

Psychodrame ou démonstration de force, le coup de semonce syndical fait désordre alors qu’Alexandre de Juniac se pose en homme de dialogue. Et que le bloc réformiste a fait preuve de son influence lors des  élections professionnelles tenues la semaine dernière. La CFE-CGC/UNAC devient ainsi la première organisation professionnelle chez Air France avec un score de 18,1%. Suivent FO-SNPNC (15,9%), UNSA Aérien (15,2%), CGT (14,3%) et CFDT (13,2%).

Victoire du bloc réformiste

Avec plus de 70 % de participation, le scrutin a montré que la stratégie de négociation adoptée par la CFE-CGC, la CFDT et FO convient aux salariés. En novembre 2013, les trois centrales ont signé un plan de départs volontaires chez les personnels au sol accordant jusqu’à 18000 euros en plus de l’indemnité de base. Fin janvier, la dernière vague en date – la quatrième depuis 2012 – a touché 500 postes au sol. Dans cette catégorie, la CGT dégringole et laisse sa place de numéro un à la CFDT. Une victoire historique d’ailleurs saluée ce week-end par Laurent Berger.

 


Les syndicats jusqu’au-boutistes ont payé dans les urnes leur radicalisme. La CGT enregistre une nouvelle chute, avec une perte de quatre points qui la fait dégringoler de la première à la quatrième place. Après Orange, EDF, la SNCF ou encore la Poste, la centrale de la porte de Montreuil dévisse encore dans un de ses bastions. A l’origine de la grève très décriée de septembre, le  SNPL reste, lui, majoritaire chez les pilotes. Mais il perd de sa superbe.

La direction doit convoquer une nouvelle réunion. Mais, déjà, le ton est donné. Pour remettre à plat les accords d’entreprise, catégorie de personnels par catégorie, Alexandre de Juniac et Frédéric Gagey, le président d’Air France, vont devoir faire preuve de doigté. Au risque, sinon, de froisser des syndicats pour l'instant décidés à jouer la carte du « tous ensemble ».

Auteur

  • Emmanuelle Souffi