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Convergence de quelques heures entre syndicats et Nuit debout

Liaisons Sociales Magazine | Dialogue Social | publié le : 29.04.2016 | Anne Fairise

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Marquée par une mobilisation en hausse, la quatrième journée de manifestation contre la loi Travail l’a aussi été par la prise de parole officielle de la CGT à l’assemblée générale de Nuit Debout. 

Philippe Martinez aura patienté presque deux heures, près de la sono, avant de prendre le micro. Dernier intervenant d’une première partie de soirée particulière, place de la République. A l’issue de la quatrième journée nationale de manifestations marquée, jeudi 28 avril, par une mobilisation en hausse (entre 170.000 et 500.000 personnes) comparée à la dernière action du 9 avril, les « Nuitdeboutistes » avaient invité des représentants des « secteurs en lutte » et des dirigeants syndicaux à s’exprimer sur le thème « Comment faire tomber la loi El Khomri ? ».

« J’ai répondu à l’invitation parce que j’en avais envie », expliquait le secrétaire général de la CGT, sans cacher que celle-ci avait fait l’objet de « nombreux débats au bureau confédéral ». Il a finalement dit « oui » à François Ruffin, le réalisateur de Merci Patron !, - rencontré le matin même avec d’autres « Nuitdeboutistes » - qui plaide depuis le début du mouvement pour une convergence avec les syndicats et, plus récemment, pour « un 1er mai commun ». Non sans grosses difficultés.

Quelles valeurs communes ?

Si Nuit Debout est né le 31 mars de la contestation anti-loi Travail, il s’en est émancipé. Le refus de toute hiérarchie et l’horizontalité des prises de décision, défendus mordicus, apparaissent incompatibles pour beaucoup avec un rapprochement avec les syndicats. Perçu comme un risque de rentrer dans le rang d’une organisation hyper-verticale.

« Les grosses organisations, ce n’est pas notre truc. On est plus à l’aise avec les collectifs mobilisés sur des sujets très concrets. Ils correspondent mieux à l’esprit de la place », commentait un membre de la commission Démocratie. Symptomatique : dans le cortège de la manifestation de l’après-midi, Nuit debout n’avait pas « officiellement » défilé avec les syndicats.

Rien d’étonnant à ce que l’accueil de Philippe Martinez ait été mitigé. Le leader du premier syndicat hexagonal, intervenu après une vingtaine de militants (lycéens, chômeurs, salariés issus de la CGT, de Solidaires, de la CNT ou de collectifs non-affiliés) n’est pas apparu très à l’aise.

Interpellé d’emblée par quelques « Grève générale ! Grève générale ! » lancés dans la foule massée jusqu’au pied de la statue de la République, il est resté pragmatique. « Ici, on crie grève générale mais c’est dans les entreprises que les salariés doivent le crier. Et c’est plus compliqué. Il faut user de la salive pour les convaincre », a-t-il expliqué, tout en appelant à la grève reconductible.

Aucune action commune. L’appel au blocage, dont certains ont pu rêver, n’a pas eu lieu. Tout de suite, à l’issue de son intervention, les critiques ont surgi. Sur le nouveau mode opératoire choisi pour intervenir lors de cette assemblée générale atypique (des questions écrites sur des papiers ou posées sur internet, et non des interpellations directes). Sur ce qui lie le premier syndicat hexagonal et Nuit Debout.

« Y a-t-il des valeurs communes? » a été la première question posée, les autres tournant vite en critiques syndicales, sur la corruption, la hiérarchie verticale… « Nous apprenons à nous connaître. Il est important que le mouvement citoyen discute avec les acteurs du mouvement social », commentait à l’issue de la soirée Philippe Martinez.

Aucune initiative commune n’en est sortie. Cela n'empêchera pas la secrétaire confédérale CGT Catherine Perret de se rendre à une table ronde organisée par la Nuit debout le dimanche 1er mai. Le 3 mai, jour de l’ouverture des débats sur le projet de loi au Parlement, les « Nuitdeboutistes » veulent manifester devant l’Assemblée nationale.

La CGT appelle, elle, avec FO, FSU, l’Unef, Solidaires, l’UNL et la Fidl à faire de cette journée « un nouveau temps fort de mobilisation », tout en promettant déjà d’autres rendez-vous « si le projet de loi n’est pas retiré ». 

 

https://infogr.am/zlSGqdUOUtSuCSG4" style="color:#989898!important;text-decoration:none!important;">Mobilisation contre la loi Travail
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Auteur

  • Anne Fairise