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« Ce n’est pas la CGT qui décide en France » (Bruno Le Maire)

ISRH | Dialogue social | publié le : 01.02.2023 | Olivier Hielle

FRANCE-LABOUR-SOCIAL-STRIKE

Le 19 janvier, quelque 1,1 million de personnes ont défilé dans les rues pour protester contre le projet de report de l'âge légal de départ à la retraite, à l'appel de l'ensemble des syndicats de salariés, dont la CGT.

Crédit photo Geoffroy VAN DER HASSELT / AFP

Si les syndicats n’ont effectivement aucun pouvoir de création de norme, ils ont, en revanche, toute leur place dans la concertation.

Face à l’inflation du prix de l’énergie, qui touche en particulier les petites entreprises, la CGT Énergie marseillaise a trouvé, lundi 23 janvier, une solution radicale : passer toutes les boulangeries au tarif réduit de l’électricité. L’initiative n’a duré que quelques heures, mais a suffi pour faire économiser de précieux euros à ces artisans particulièrement touchés par la hausse des tarifs de l’électricité.

Le lendemain matin, le ministre chargé de l’Économie, Bruno Le Maire, réagit sur Europe 1 : « Ce n’est pas la CGT qui décide en France, ce n’est pas la CGT qui décide des tarifs, ce n’est pas la CGT qui décide qui doit payer quoi. C’est l’État, c’est l’intérêt général, c’est le peuple français à travers ses représentants. »

Certes, la CGT seule ne peut pas « décider » de grand-chose en France : le pouvoir législatif appartient aux assemblées et le pouvoir exécutif au Gouvernement. Mais Bruno Le Maire ne doit pas être sans savoir que la création des normes nécessite de la concertation. Ainsi, la CGT, comme les autres syndicats, qui ne sont pas sans avoir un minimum de légitimité démocratique par les élections professionnelles, doit participer à leur élaboration.

Depuis le début de son premier quinquennat, Emmanuel Macron noue une relation compliquée avec les corps intermédiaires, dont les organisations syndicales sont une composante. Dès les ordonnances « travail » de 2017, le message est clair : sur le plan national, il n’y a pas de place pour les syndicats. Ceux-ci doivent rester sur le terrain, dans les entreprises, pour négocier des accords. « Il est difficile de dire que les corps intermédiaires et notamment les syndicats ont été particulièrement bien traités pendant le quinquennat qui vient de s’écouler », expliquait dans nos colonnes, en septembre dernier, Béatrice de Lavalette, créatrice des Rencontres du dialogue social de Suresnes.

Même les organisations patronales se sont émues d’avoir été écartées de la concertation. En 2021, le Medef proposait un agenda social alternatif à celui proposé par l’État. François Asselin, président de la CPME, indiquait « que la décision publique doit s’appuyer sur les corps intermédiaires parmi lesquels les partenaires sociaux dans le cadre d’un dialogue efficace et productif ». Avec la réforme des retraites, dont le recul de l’âge légal de départ fait l’unanimité des syndicats contre elle, le Gouvernement persiste, semble-t-il, à vouloir mettre de côté la concertation, même s’il affirme le contraire.

Auteur

  • Olivier Hielle