logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Au casino de Deauville, la fièvre sociale est retombée

Liaisons Sociales Magazine | Dialogue Social | publié le : 12.10.2015 | Eric Béal

Les employés des jeux du casino de Deauville ont tous repris le travail. Mais la longue grève de la rentrée, menée par FO, laisse des traces dans l'établissement. Car tout n'est pas réglé.

Ils ont fini par s’épuiser. Ils ? La trentaine d'employés de la Société des Hôtels et Casinos de Deauville (SHCD) emmenés par FO, qui, du 8 août à la mi-septembre, ont passé leurs samedis devant le casino pour dénoncer la dégradation des conditions de travail, le non-paiement des heures supplémentaires ou encore la chute des effectifs dans les salles de jeux. Des croupiers, pour l’essentiel, très minoritaires au regard des 600 employés en CDI de la filiale du groupe Barrière.

Parmi leurs revendications, la transformation des temps partiels en temps plein pour les volontaires et la mise en place de grilles de salaire assorties de revalorisations pour les employés soumis à polyvalence. Mais, surtout, le maintien du calcul de la rémunération spécifique des employés des jeux, soit environ 20% du personnel de la SHCD. Des mots d’ordre qui n’ont débouché sur aucune négociation. « Les salariés ont considéré qu’il était urgent de se refaire financièrement, mais nous avons l’intention de relancer le mouvement pendant les fêtes de fin d’année, au moment où les clients viennent en masse », affirme Sophie Giannini, déléguée FO.

Baisse de revenu des croupiers

De fait, l’arrêt du mouvement n’a rien réglé. Et le climat reste lourd. «Nous avons connu un plan social en février, avec 69 postes supprimés dont 19 aux jeux de tables, dont l’activité baisse. Mais nous n’avons procédé qu’à sept licenciements. Le reste a été couvert par des départs volontaires ou des retraites anticipées », précise Arnaud Levalois, en charge des RH de la SHCD. A l’époque, la restructuration avait fait l’objet d’un accord, paraphé par FO, la CFTC (49% des voix) et la CFDT (34%).

S’ajoute à ces difficultés économiques la décision du groupe Barrière de modifier le calcul des salaires des employés de jeux. Jusqu'à l'an dernier, le produit brut des jeux électroniques était inclus dans le calcul de leurs rétributions. Mais l’an prochain, ils ne seront pas pris en compte. Ce qui devrait conduire, à Deauville, à une baisse de 1200 à 5000 euros des revenus annuels, selon l’ancienneté et le poste, d’après les estimations des syndicats. « Nous appliquons les recommandations de notre syndicat professionnel. Elles font suite à la décision de Bercy, prise en novembre 2014, de surtaxer les jeux électroniques. Le syndicat FO n’y est d’ailleurs pas pour rien puisqu’il est à l’origine de cette demande », justifie André Decoutère, DRH Groupe.

Déception et pertes de salaire

La décision du groupe Barrière, valable dans tous ses établissements, pourrait être contestée devant les tribunaux. Mais à Deauville, FO a préféré se lancer dans une bataille sociale et médiatique plutôt que de s’y risquer. Au grand dam des sections CFDT et CFTC, qui comptent sur la négociation pour limiter les pertes de salaires. Et se disent consternées par la tournure des événements.

Un récent comité d’entreprise a abordé l’impact du retrait du produit brut des jeux électroniques sur le calcul des salaires minimum annuels des équipes des jeux. Mais le DRH groupe s’est montré intraitable. « FO a lancé un mot d’ordre de grève avant même que nous puissions évoquer le problème avec les représentants du personnel. Ça ne donne pas envie de discuter», a-t-il expliqué en substance. Du côté des employés des jeux traditionnels, la déception est à la hauteur de la désillusion. Et des salaires perdus pendant les jours de grève…

Auteur

  • Eric Béal