logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

À la tête du Cese, Patrick Bernasconi veut être un président "utile"

Liaisons Sociales Magazine | Dialogue Social | publié le : 01.12.2015 | Emmanuelle Souffi

Image

Élu dès le premier tour, Patrick Bernasconi compte recentrer le Conseil économique, social et environnemental sur sa raison d’être : le dialogue social et l’éclairage du politique. Jean-Paul Delevoye a démissionné.

Le « tous ensemble » affiché par Patrick Bernasconi a payé. Élu dès le premier tour, ce mardi 1er décembre, avec 131 voix sur 233, l’ancien négociateur du Medef a réussi son pari : récupérer la présidence du Conseil économique, social et environnemental, dirigé depuis cinq ans par Jean-Paul Delevoye, ex-ténor de l’UMP.

Le gouvernement l’avait pourtant à nouveau nommé parmi la liste des personnalités qualifiées pour le laisser convoiter un second mandat. Finalement, l’ancien ministre de la Fonction publique a choisi, après sa défaite, de ne pas y rester. Le Medef tient là une victoire, celle de tenir à nouveau les rênes d’une institution en quête de légitimité, cinq ans après la disparition de Jacques Dermagne, ancien vice-président exécutif du CNPF, qui régna de 1999 à 2010 sur le Palais d’Iéna.

Voilà deux ans que Patrick Bernasconi travaillait à sa campagne en coulisses. Ses nombreux réseaux noués lors des négociations interprofessionnelles ont fait le reste. Plusieurs syndicats – CGT et FSU exceptées, qui appuyaient la candidature de Gérard Aschieri – roulaient même pour lui. Et notamment la CFDT qui s’est toujours bien entendue avec cet homme tempéré. À travers cette candidature « collective », l’idée était aussi de faire barrage à d'éventuels parachutages. Il a été un temps question de l’arrivée de Jean-Paul Huchon, en partance de la présidence du conseil régional d’Ile-de-France.

Au projet de « maison des citoyens » porté par Jean-Paul Delevoye, Patrick Bernasconi préférait afficher celui d’un collectif, décidé à recentrer le Cese sur ses missions premières : l’expertise, le dialogue, l’éclairage du politique. En clair, prouver l’utilité de la troisième assemblée de la République que l’opposition, en ces temps de coupes budgétaires, aimerait bien voir supprimée.

Dans son discours prononcé avant les votes, le candidat entendait ainsi « rendre notre saisine incontournable ». « Nous ne sommes pas un décor, mais une institution », a-t-il lancé, comme une pique décochée à son adversaire qui, pour renflouer la caisse de retraite des conseillers, louait le Palais d’Iéna pour des défilés de mode.

Les nouveaux membres sont aussi prévenus. Pas question de faire ici figuration. Bien avant d’être élu, l’ancien président de la Fédération nationale des travaux publics insistait sur la nécessité, dans les organisations syndicales et patronales, de constituer des listes de personnalités actives et désireuses de s’investir. Car, pour beaucoup, le Cese apparaît encore comme un strapontin offert aux affidés que l’on souhaite remercier.

La campagne risque toutefois de laisser des traces. Pour la première fois, trois candidats étaient en lice. Et le large score du vainqueur cache à la fois des inimitiés et des doutes quant à la capacité de la nouvelle équipe à redorer une institution peinant à s’inscrire dans le débat public. Patrick Bernasconi compte, certes, resserrer les liens avec le monde politique. Et son côté social démocrate le rend compatible avec le pouvoir en place. Mais jusqu'à quand ?

Auteur

  • Emmanuelle Souffi