Auditeurs internes spécialisés, datamining, partenariats avec les organismes sociaux… Pôle emploi met l’accent sur la prévention des fraudes. Et en déjoue de plus en plus.
Quand j’ai demandé à la personne de m’expliquer très précisément son métier de maçon, je l’ai vue suer à grosses gouttes, se souvient encore Celestino dos Santos, auditeur au sein du service de prévention des fraudes de Pôle emploi à Paris. Elle essayait tant bien que mal de mimer des gestes professionnels, ne maîtrisait pas le vocabulaire, et ses mains étaient loin d’être celles d’un artisan ! »
Autant d’indices qui, recoupés avec les différentes incohérences du dossier du supposé demandeur d’emploi, ont permis à l’auditeur interne de détecter une fraude.
Avec un montant d’allocations versées de 33,7 milliards d’euros, l’assurance chômage n’échappe pas au phénomène. En 2013, le montant de la fraude est estimé à 100 millions d’euros. « 55 % de cette somme représentent les préjudices subis. Les 45 % qui restent correspondent aux fraudes déjouées », précise Réjane Biolet, directrice adjointe de la prévention et de la lutte contre la fraude.
En 2012, la fraude était estimée à 76 millions d’euros. L’augmentation est liée, selon Pôle emploi, à une meilleure détection des préjudices et à une part croissante des fraudes déjouées (+ 13 %).L’une des particularités de Pôle emploi est en effet de travailler sur la prévention et non sur la répression.« Nous cherchons avant tout à stopper les fraudes en cours et à intercepter très tôt les tentatives de fraude, qu’elles viennent des demandeurs d’emploi ou des employeurs », explique Jean-Louis Tauzin, le directeur du service de prévention et de lutte contre la fraude.