Un début de prise de conscience ? C’est que veut croire le Club Landoy qui annonce avoir dépassé la centaine de signataires de sa « Charte 50+ » destinée à favoriser le maintien en emploi et le recrutement des seniors.
Le futur sera-t-il senior ? Oui, assure l'Insee. La population active va stagner et les seniors vont en constituer une part toujours plus importante. Entre 1975 et 2021, soit une période de 46 ans, la population active en France est passée de 23 à 30 millions de personnes, soit une progression de quasiment 30 %. Selon l’Insee, elle ne devrait plus bouger jusqu’en… 20701.
Entre-temps, la pyramide des âges va connaître une profonde transformation. Alors qu’ils représentent 14,9 % des actifs en 1990, les 15 à 24 ans ont rapidement décliné. Ils ne comptent plus que pour 10,5 % du total en 2000 et cette proportion devrait rester stable jusqu’en 2070 (9,6 %).
La part des actifs âgés de 25 à 54 ans va aussi décroître. Après avoir atteint son pic en 2000 avec 82,3 % du total, elle enregistre une chute rapide. En 2021, elle ne compte plus que pour 71,6 % du total. Selon l’Insee, la décrue sera ensuite contenue et en 2070, cette tranche d’âge représentera encore 67 % du total des actifs.
Un quart des actifs
C’est du côté des seniors âgés de 55 ans et plus que se produit une véritable expansion. Alors qu’ils ne représentent que 9 % de la population active en 1990, ce taux atteint déjà 12,6 % en 2010 afin de progresser à nouveau durant cette décennie. En 2021, il s’établit déjà à 18,3 % du nombre total des actifs. La hausse sera ensuite moins rapide, mais continue. Selon l’Insee, les plus de 55 ans devraient constituer 20 % des actifs dès 2030 et la hausse va se poursuivre. En 2070, près d’un quart de la population active (23,4 %) sera constituée de personnes âgées de plus de 55 ans.
De plus en plus d’entreprises semblent prendre conscience de ce phénomène, comme en témoigne le succès croissant de la Charte 50+ lancée par le Club Landoy (groupe Bayard) et le groupe L’Oréal. Ce collectif d’entreprises manifestant le désir de favoriser l’emploi des seniors revendique déjà 136 entreprises signataires.
Parmi les nouveaux venus figurent des secteurs a priori peu intéressés par ce phénomène. C’est ainsi que 29 start-up figurent parmi les nouveaux adhérents ainsi que la French Tech Grand Paris. Des structures du secteur public sont aussi sensibles à la question puisque France Travail vient de signer cette Charte 50+.
Selon les données diffusées par le Club Landoy à partir d’un questionnaire adressé aux signataires, plus de 165 actions liées aux 10 engagements de la Charte 50+ ont été menées en 2023. Les données recueillies révèlent également que 85 % des répondants possèdent un programme dédié à l’emploi des +50 ans ou en ont mis un en place depuis la signature de la Charte. Dernier point à relever : plus de 9 répondants sur 10 (93 %) estiment qu’une prise de conscience et un changement de traitement ont eu lieu au sein de leur entreprise depuis leur adhésion.
11 % des recrutements
Les données ont aussi permis d’établir que parmi les entreprises signataires, un tiers des salariés a 50 ans ou plus ; que cette catégorie de salariés a bénéficié de 28 % des heures de formation ; qu’elle compte pour 22 % des mobilités ; enfin, qu’elle représente 11 % des recrutements. Selon les responsables du Club Landoy, « ces chiffres illustrent le risque d’exclusion du marché du travail pour les personnes qui sortent du marché du travail à 50 ans et plus ».
Pour le Club Landoy, « le faible taux de recrutement constitue de fait un défi pour les entreprises signataires de la Charte qui sont aussi soumises à la nécessité et à l’urgence de repenser la formation et d’ouvrir ainsi aux 50 ans et plus la possibilité de mobilités qui fassent sens, pour soutenir leur employabilité ». Progresser dans la bonne direction relèverait-il de la gageure ? Force est de constater que la France ne figure pas parmi les bons élèves.
Selon l’institut de statistiques Eurostat, le taux d’emploi des 55-64 ans en France s’élevait à 58,4 % en 2023, soit près de 5 points en dessous de la moyenne des pays de l’Union européenne (63,9 %). La France se place ainsi au 19e rang sur 27. Très loin donc des pays qui occupent les trois premières marches : l’Islande (81,2 %), la Suède (78 %) et l’Estonie (76 %). L’Allemagne les suit de près avec un taux de 74,6 %.
(1) Selon le tableau des projections de population active en moyenne annuelle dans l’exercice de 2022 et dans la variante de 2023
