La dernière note de France Stratégie du cycle Aidons les aidants 2020-2022 propose aux entreprises de développer une "culture de la bienveillance" autour des salariés aidants et d’inscrire ces enjeux dans leur politique RSE.

"Salariance". C’est le néologisme imaginé en 2020 pour désigner la situation des aidants, ces salariés consacrant une partie de leur temps pour accompagner un proche malade, vieillissant, en situation de handicap ou, d’une manière générale, en perte d’autonomie. En France, ils représentent plus de la moitié des quelque 11 millions de personnes reconnues aidantes. Et compte tenu du vieillissement de la population, leur nombre est en croissance devenant par là même un vrai sujet pour les directions des ressources humaines. "Il s’agit d’un nouvel enjeu de la responsabilité de l’entreprise", note la plateforme RSE dans une note qui vient de paraître dans le cadre du cycle Aidons les aidants 2020-2022 de France Stratégie.

Perte de revenus pour cause d’absences récurrentes ou de dépenses médicales, charge mentale, difficultés pour trouver sa place dans les collectifs de travail, accès moindre à la formation professionnelle… Les contraintes dues à cette situation "pèsent nécessairement sur la vie professionnelle et la carrière du salarié aidant. Quand cette situation est mal anticipée au sein d’une équipe de travail en entreprise, elle peut créer des déséquilibres et des problèmes de désorganisation, nuisant à l’image du salarié auprès de ses collègues et managers", observe France Stratégie. Qui recommande aux entreprises de développer une "culture de bienveillance" autour des aidants étendue à toutes les parties prenantes de celles-ci. Une ambition qui passerait notamment par la sensibilisation des salariés et des RH à cette thématique afin de créer le climat de confiance nécessaire à la mise en place d’une politique proactive à laquelle les partenaires sociaux des entreprises et des branches seraient associés. Notamment par l’introduction d’éléments relatifs à la situation des salariés aidants dans toutes les délibérations sociales pouvant s’y rattacher, de la QVT aux négociations handicap en passant par l’égalité professionnelle, les NAO ou l’organisation du travail. Ou en éditant des supports d’information à destination des salariés.

Selon France Stratégie, la meilleure opportunité pour les employeurs de mettre en place des dispositifs pro-aidants passerait par l’inscription du sujet dans la politique RSE des entreprises afin de mettre en place des politiques de soutien et d’accompagnement des concernés, de leur proposer des dispositions de flexibilité de l’emploi afin de les aider à mieux concilier leurs temps de vie ou de valoriser l’expérience acquise au titre de leur rôle d’aidant pour la transformer en compétences permettant une évolution de la carrière. Pour l’entreprise, l’inscription de ces mesures volontaristes dans sa stratégie RSE constituerait aussi l’occasion d’assurer un vrai suivi de celles-ci sur le long terme grâce à un reporting régulier afin de disposer d’indicateurs concernant leur efficacité et, au besoin, de corriger le tir ou, au contraire, de partager les expériences.

Mais l’entreprise n’est pas l’unique lieu où promouvoir cette culture de bienveillance vis-à-vis des aidants, note France Stratégie. La présidence française de l’Union européenne peut constituer une occasion de déployer une culture de l’aide aux aidants à l’échelle de l’UE afin de multiplier les bonnes pratiques, de disposer d’indicateurs nationaux et européens harmonisés ou de mener des évaluations des politiques publiques locales.