Les instances dirigeantes du CAC40 plus accueillantes pour les femmes après le vote le 24 décembre 2021 de la loi Rixain ? Ce texte prévoit en effet l’instauration d’un quota de 30 % de femmes dans les comités exécutifs en 2027, puis de 40 % en 2030. Les entreprises auront deux ans, à compter de ces deux dates butoirs pour se mettre en conformité, sous peine d’une pénalité financière pouvant représenter jusqu’à 1 % de la masse salariale. L’édition 2022 de l’Observatoire de la féminisation des entreprises de Skema permet de mesurer le chemin qui reste à parcourir. En 2021, sept sociétés membres du CAC40 sont déjà conformes aux normes exigées par ce texte. Un point positif à nuancer puisque les 33 restantes ne le sont pas. Le nombre de femmes siégeant actuellement dans les comités exécutifs représente 19 % du total alors que leur proportion dans la population de cadres atteint 33 %.
Pour ce qui est des postes de direction, tout ou presque reste à faire : les femmes n’occupent que 2,5 % des 80 postes de président ou de direction générale des entreprises du CAC40. Aucune de ces sociétés n’a une femme PDG, une seule est présidente d’un conseil d’administration et une seule occupe la fonction de direction générale. L’Observatoire de la Skema pointe même les "évadés sociaux", ces sociétés "qui s’expatrient pour éviter d’appliquer le quota de 40 % de femmes dans le conseil d’administration imposé par la loi Copé-Zimmermann". Sur les quatre entreprises les plus éloignées du quota de 40 %, trois sont en effet juridiquement domiciliées dans des pays étrangers : c’est le cas d’Airbus, de Stellantis et d’Arcelor-Mittal, tous installés aux Pays-Bas.
L’étude relève une tendance à la bipolarisation sexuelle des grandes entreprises. Celles ayant un pourcentage élevé de femmes dans les effectifs et l’encadrement rencontrent des difficultés à recruter des hommes, et inversement lorsque le pourcentage d’hommes est très élevé. Ce phénomène se nourrit des choix des diplômé(e)s de l’enseignement supérieur, les femmes préférant les entreprises très féminisées et les hommes l’inverse. Une tendance qui pourrait nuire aux entreprises elles-mêmes puisque la parité favorise une meilleure gestion de la responsabilité sociétale de l’entreprise ainsi qu’une meilleure rentabilité.