BlackRock, le géant mondial de la gestion d'actifs (8.000 milliards de dollars gérés), dont le PDG, Larry Fink, défend un nouveau capitalisme à base de responsabilité sociale et environnementale et de bonne gouvernance (ESG en anglais), fait face, depuis quelque temps, à la fronde de certains gouverneurs républicains. Après le Texas et la Louisiane, qui lui ont récemment retiré une partie des fonds confiés pour la retraite des fonctionnaires, notamment parce que l'attitude pro-environnement de BlackRock menaçait l'industrie pétrolière de ces deux États, c'est au tour de la Floride de soustraire 2 milliards de dollars. Déjà, en août dernier, le gouverneur de Floride, Ron DeSantis, qui devrait être candidat à l'investiture du parti républicain contre Donald Trump en 2024 en vue des élections présidentielles, avait réussi à faire passer une résolution appelant la Floride à cesser de favoriser « l'agenda idéologique du mouvement ESG », lorsque l'État confiait des fonds à des gestionnaires. Selon lui, ces derniers, de même que d'autres dirigeants d'entreprises qu'il qualifie de « woke », sont en effet un danger pour la démocratie. « Ils ne sont pas élus et veulent imposer des changements de société dont les citoyens ne veulent pas », avait-il tempêté. BlackRock a répondu à l'annonce dans un communiqué, en estimant que la Floride faisait passer « la politique avant la performance financière, ce qui, in fine, pénalisera les citoyens de l'État ». Organisation de contestations de la part d'actionnaires dans les assemblées annuelles, boycott, législation, action d'éclat comme le retrait de fonds... les Républicains ne se sont jamais autant déchaînés contre la RSE. Mais qu'ils le veuillent ou non, l'industrie financière mondiale a décidé de l'adopter. Selon un récent sondage de Bloomberg, 60% des financiers estiment qu'elle fera partie des standards à venir et sera l'une des clés du succès des entreprises. Cela dit, les répondants européens au sondage étaient nettement plus convaincus que les Américains...