L’ex-patron de la CFDT rejoint le Crédit mutuel Alliance fédérale le 15 septembre. Il y pilotera la création d’un futur centre d’expertise sur les pratiques environnementales, sociales et de gouvernance des entreprises visant à renforcer le caractère éthique des projets d’investissements du groupe.
L’évaluation de la performance sociale et environnementale des entreprises devient-elle la seconde partie de carrière toute tracée pour les anciens dirigeants de la CFDT ? Vingt-et-un ans après Nicole Notat, qui avait choisi cette voie en créant Vigeo (aujourd’hui Vigeo Eiris), l’un des premiers cabinets français dédiés à cette problématique, à l’issue de son mandat à la tête de la centrale de Belleville, c’est au tour de Laurent Berger de se lancer dans la carrière au sein du Crédit mutuel Alliance fédérale, où il sera en charge, à partir du 15 septembre, de la préfiguration – puis de la direction – du futur centre d’expertise du groupe mutualise « consacré à la révolution climatique et environnementale ». En clair : un date center interne à l’entreprise bancaire ayant pour mission de rassembler, compiler et analyser toutes les données existantes sur les comportements environnementaux, sociaux et de gouvernance des entreprises, afin de trier entre les bonnes élèves éligibles aux investissements du Crédit mutuel et les autres, qui en seront écartées.
« C’est cohérent avec les ambitions du Crédit mutuel, explique un cadre du groupe. Aujourd’hui, une entreprise comme la nôtre, qui s’est dotée d’une mission d’investissement éthique, a besoin d’un maximum de datas sur la réalité des pratiques des entreprises en matière sociale et écologique. On ne peut plus se contenter des données de surface ou des grandes déclarations d’intention de leurs dirigeants. Sur le papier, Orpéa était une boîte impeccable… Parce qu’avant le scandale de ses Ehpad, personne ne disposait d’indicateurs suffisamment qualitatifs qui auraient pu révéler qu’il y avait anguille sous roche. »
À la CFDT, l’annonce n’a pas créé de remous. Le 12 septembre, Marylise Léon, qui a succédé à Laurent Berger le 21 juin dernier au secrétariat général du syndicat, estimait que cette entrée au sein du groupe mutualiste « n’avait rien de choquant ». Il faut dire que, depuis 2016, le Crédit mutuel Alliance fédérale est dirigé par un ancien de la maison cédétiste, Nicolas Théry, ex-secrétaire confédéral de la centrale aux questions économiques sous l’ère Notat. Et que sous son impulsion, la banque a renforcé son marquage mutualiste et solidaire. Comme en témoigne la mise en place du « dividende sociétal », un dispositif permettant au Crédit mutuel de consacrer 15 % de ses revenus annuels bruts – soit un demi-milliard d’euros – au financement de projets sociétaux ou environnementaux (mécénat, financement de prêts à taux zéro pour la rénovation thermique des foyers les plus modestes, etc.). Une initiative dont le lancement au CESE le 5 janvier dernier avait eu lieu en présence de plusieurs acteurs du monde social, parmi lesquels à l’époque... Laurent Berger.