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Handicap psychique : comment le concilier avec l’emploi ?

Handicap | publié le : 12.09.2024 | Propos recueillis par Gilmar Sequeira Martins

Frédérique Zimmer et Laurence Bernard

Frédérique Zimmer, directrice opérationnelle de Arihm Conseil, structure spécialisée dans le maintien dans l’emploi et l’intégration des personnes en situation de vulnérabilité psychique, et Laurence Bernard, en charge de la coordination générale.

Crédit photo DR

Le handicap psychique et l’emploi sont conciliables en adoptant la bonne approche, expliquent Frédérique Zimmer, directrice opérationnelle de Arihm Conseil, structure spécialisée dans le maintien dans l’emploi et l’intégration des personnes en situation de vulnérabilité psychique, et Laurence Bernard, en charge de la coordination générale.

Quelles sont les origines des handicaps psychiques ou mentaux ?

Frédérique Zimmer : Le handicap psychique est la conséquence de maladies psychiques et les troubles du neurodéveloppement résultent des troubles cognitifs, des troubles du spectre autistique, du handicap mental et de l’épilepsie. Ces handicaps peuvent nécessiter un accompagnement professionnel spécialisé.

Quelles actions menez-vous au sein d’Arihm Conseil ?

Laurence Bernard : Nous suivons sur le plan professionnel des collaborateurs en situation de handicap ou de vulnérabilité. En complément, nous accompagnons les professionnels (RH, managers, services de santé au travail, assistants sociaux...) et le collectif de travail dans le cadre de sensibilisations et de formations. Ces interventions permettent d’apporter des éléments de compréhension des situations RH complexes et de proposer des solutions d’aménagements et de compensation aussi bien organisationnelles, humaines que techniques. Ces compensations ont pour objectif de favoriser l’autonomie et la performance de la personne en situation de handicap ou de vulnérabilité en s’appuyant sur ses capacités et motivations.

Comment a évolué la perception de ces handicaps ?

Laurence Bernard : On observe ces deux dernières décennies une évolution de la prise en compte médiatique, politique et sociétale de la question de la santé mentale. La révision de la loi du 10 juillet 1987 en date du 11 février 2005, pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées, affirme, entre autres, la reconnaissance du handicap psychique et le droit d’accès à la compensation. Depuis 2008, la prévention des risques psychosociaux (RPS) s’inscrit dans un cadre législatif et a favorisé la prise en compte par les employeurs des problématiques du stress, du harcèlement et de la santé mentale des collaborateurs et des encadrants.

La pandémie de Covid a-t-elle joué un rôle dans cette évolution ?

Laurence Bernard : La pandémie de Covid a provoqué une dégradation de l’état psychique des populations mondiales, notamment des plus jeunes, ce qui a contribué à la prise de conscience collective : la santé mentale nous concerne tous. Selon l’OMS, 1 personne sur 4 a eu, a ou aura un trouble de santé mentale au cours de sa vie. Aujourd’hui, grâce aux avancées scientifiques, médicales et technologiques, les personnes vivant avec un handicap ou une vulnérabilité peuvent tout à fait s'intégrer dans la société et exercer une activité professionnelle, grâce aux compensations et aux adaptations de postes et d’environnement professionnel.

Comment travaillez-vous avec les personnes atteintes de ces handicaps ?

Frédérique Zimmer : Le concept de rétablissement en santé mentale modifie l’appréhension des troubles et de la maladie psychiques. Nous nous appuyons sur des pratiques de psychoéducation qui permettent aux personnes d’identifier les signes de détérioration de leur état de santé et d’anticiper les phases de crise. L’objectif est de leur permettre de vivre mieux avec leurs troubles et de valoriser leurs capacités et compétences. Nos accompagnements permettent un espace d’échanges, d’expression et de compréhension réciproque des besoins et des attentes, ceux des personnes concernées mais également de leurs employeurs. Le coaching managérial répond aux besoins de certains managers souhaitant enrichir leur management pour favoriser une meilleure gestion humaine des situations parfois difficiles, rencontrées dans le cadre de leurs missions.

Avec quels autres acteurs travaillez-vous ?

Frédérique Zimmer : Nous sommes prestataire en Île-de-France pour l’Agefiph et le FIPHFP, pour lesquels nous déployons le dispositif Service appuis spécifiques, en collaboration avec France Travail, les Cap emploi, les missions locales et les employeurs privés et publics. Pour faire évoluer les représentations et les pratiques dans la sphère professionnelle, il est indispensable de travailler en articulation avec tous les acteurs concernés. Arihm Conseil s’appuie sur une équipe de 25 collaborateurs, médecins, coachs, RH et formateurs. Nous accompagnons annuellement entre 800 et 1.000 personnes, en collaboration avec le service public de l’emploi, et plus de 250 employeurs privés et publics.

Auteur

  • Propos recueillis par Gilmar Sequeira Martins