Fort des bons chiffres de l’emploi des personnes en situation de handicap en 2021 malgré la crise sanitaire, l’Agefiph ambitionne d’atteindre les 4 % de taux d’emploi direct à l’horizon 2023.
Pourrait-on assister à une augmentation conséquente de salariés bénéficiaires de l’obligation d’emploi des travailleurs handicapés (OETH) à l’horizon 2023 ? Alors que leur nombre a légèrement crû (+ 2,87 %) depuis 2021 pour atteindre 505 300 personnes, l’Association nationale de gestion du fonds pour l'insertion professionnelle des personnes handicapées (Agefiph) estime que, dans les mois à venir, 150 000 à 200 000 salariés supplémentaires pourraient se voir embauchés dans les 102 500 établissements assujettis à l’obligation d’emploi, permettant de passer d’un taux d’emploi direct des travailleurs handicapés stagnant à 3,5 % depuis 2018 au plafond des 4 %. Possible ? "C’est l’impulsion que je souhaite donner à l’Agefiph", prévenait en tous cas Christophe Roth (à droite sur la photo), son président issu de la CFE-CGC, le 12 mai 2022, à l’occasion de la présentation du bilan 2021 de l'Agefiph.
Cet ancien policier, élu à la tête de l’Association en septembre 2021 a de quoi être optimiste. En dépit de deux années de crise sanitaire, les clignotants de l’emploi handicapé sont au vert. La baisse du chômage des travailleurs en situation de handicap constatée en 2020 s’est poursuivie en 2021 et même début 2022, pour tourner autour des 14 % (8 % pour l’ensemble des publics) entraînant dans la foulée une réduction du chômage de longue durée de 10 %, du chômage de très longue durée de 20 % et même une réduction du temps passé au chômage de 909 jours en moyenne contre 923 en 2021. "La pandémie pouvait susciter des craintes, mais les mesures exceptionnelles déployées lors de la période ont permis un fort développement des activités de l’Agefiph pour l’embauche et le maintien dans l’emploi des travailleurs handicapés", précise son directeur général, Didier Eyssartier (à gauche sur la photo).
La raison de ces bons chiffres est multifactorielle. Ils sont à la fois la conséquence de la mobilisation de l’Agefiph et de ses partenaires – État, Fiph… – pendant la période Covid, mais aussi de la réforme de l’apprentissage de 2018 qui a aussi bénéficié aux alternants handicapés (8 000 contrats d’apprentissage signés en 2021, soit + 12 %), de la réactivité du réseau des Cap Emploi qui a permis le maintien dans l’emploi de 22 300 travailleurs handicapés durant la pandémie ou des effets de la loi Pénicaud du 5 septembre 2018 qui a étendu le périmètre de l’OETH des entreprises aux établissements, faisant grimper le nombre de structures concernées de 99 400 à 102 500 en quatre ans.
C’est d’ailleurs cette même réforme portée par l’ancienne ministre du Travail qui permet à l’Agefiph de retrouver un peu d’oxygène financier. En faisant passer sa collecte des entreprises aux établissements, celle-ci à permis à l’Association d’engager 2021 avec un budget de 549,1 millions d’euros, soit 62,7 millions supplémentaires par rapport à 2020. De quoi primer 4 828 contrats d’alternance cette année-là (+ 36,4), accompagner 2 707 entreprises dans leur adaptation à l’emploi handicapé (contre 1 800 en 2020), soutenir 3 823 créations d’activité (+ 23 %) et financer 39 792 actions de formations à destination de demandeurs d’emploi et de salariés handicapés (+ 1,9 %). Dans le même temps, 156 000 aides financières ont été versées aux entreprises et aux personnes (+ 3,9 %), 5 825 organismes de formation ont été aidés dans leurs efforts pour améliorer leur accessibilité aux personnes handicapées et 3 525 actions d’accompagnement ont été proposées aux référents handicaps des CFA dont la loi impose la présence depuis 2018. Pour un total d’engagements de 530,8 millions d’euros en 2021, dont 43,5 millions pour les seules mesures de soutien dédiées à la Covid-19.
L’année écoulée a aussi été l’occasion pour l’Agefiph de renforcer ses partenariats avec différents acteurs de l’emploi. Fihp pour l’emploi handicapé dans la fonction publique, Apec, Territoires Zéro chômeur de longue durée, Vivre et travailler autrement (pour l’insertion professionnelle de l’autisme), Unis-Cité, l’Association régionale des missions locales ou, évidemment, le réseau des agences Cap emploi. Celles-ci sont d’ailleurs engagées, depuis 2022, dans un rapprochement de leurs services avec ceux de Pôle emploi. 75 % des agences maillant le territoire sont déjà engagées dans le processus, affirme Didier Eyssartier.