En décembre dernier, Unilever, l'un des plus gros employeurs du Royaume-Uni, a été la première entreprise à répondre à l'appel d'une association faisant campagne pour en finir avec la discrimination capillaire. Les employeurs s'engageaient à signer une charte de bonnes pratiques, le Halo Code, donnant aux noirs dans leurs effectifs la liberté de se coiffer comme ils ou elles l'entendent — afros, dreadlocks, nattes, lissage, perruques, bonnets ou autres — sans craindre de jugement ni de discrimination. Dernièrement, Unilever a annoncé que la société donnerait, à travers le Crown Fund UK, près de 200.000 euros en 2021 à des associations luttant contre le racisme, notamment des organisations travaillant à l'élimination des barrières sociales pour les femmes et les jeunes filles noires. En outre, la société, qui commercialise entre autres le savon Dove, a mis au point des ateliers de formation sur l'estime de soi, afin de soutenir les enseignants dans le cadre de discussions sur la discrimination capillaire dans les écoles. Autant d'initiatives qui prennent corps dans le sillage du Crown Act aux États-Unis, une loi passée d'abord en Californie (en 2019), puis dans le New Jersey, à New York et en Caroline du sud, interdisant la discrimination liée au style de coiffure. Selon le Crown Fund UK, 63% des noirs adultes au Royaume-Uni ont fait l'objet de discrimination en raison de leur coiffure. Et une femme noire sur cinq sentirait de la pression de la part de la société pour se faire lisser les cheveux afin de trouver un emploi... « Nous savons qu'il est important pour chaque individu d'être soi-même au travail, et nous pensons que cette individualité, à travers les cheveux, doit être célébrée », a déclaré dans la presse Richard Sharp, responsable des ressources humaines pour Unilever UK & Ireland, à l'occasion de l'engagement de la multinationale en faveur du Halo Code, à la fin de l'an dernier. « Malgré les législations sur l'égalité, certaines entreprises ont encore des idées préconçues sur ce que doit être une coiffure professionnelle, déclarait de son côté Maurice Mcleod, directeur de Race On The Agenda, un institut de recherche en sociologie. Les noirs ont déjà assez de problèmes d'accès à l'éducation et l'emploi sans ajouter une discrimination supplémentaire en raison de leurs cheveux. »