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RH et IA : un front du refus bientôt fissuré ?

Homepage | publié le : 14.05.2024 | Gilmar Sequeira Martins

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Si les outils d’IA suscitent encore la défiance, les usages envisagés ne manquent pas.

Crédit photo ihorvsn/Adobe Stock

Les DRH et RRH campent sur une position attentiste. Les outils d’IA ne leur inspirent pas confiance, mais cette unanimité de façade dissimule des positions moins hostiles et surtout un potentiel d’usages déjà bien garni.  

Pour plus de 7 RH sur 10, l’IA c’est non. Plus précisément, 76 % d’entre eux n’utilisent pas et ne souhaitent pas utiliser d’outils IA, selon le sondage OpinionWay réalisé en mars pour Kelio auprès de 300 responsables1. À peine 9 % des répondants ont indiqué recourir à de tels outils pour mener à bien leurs tâches. L’analyse plus détaillée des données laisse cependant entrevoir des évolutions potentielles à brève échéance. Le refus des outils d’IA n’est en effet pas unanime et il décroît à mesure que les responsables interrogés sont plus jeunes.

Ainsi, 25 % des sondés âgés de moins de 30 ans déclarent qu’ils souhaitent les utiliser, taux qui chute à 13 % pour ceux âgés de 40 ans et plus. La taille des entreprises joue aussi. Alors qu’un quart (25 %) des responsables RH d’entreprise comptant plus de 250 salariés manifestent un réel intérêt, c’est le cas pour 11 % seulement de leurs alter ego exerçant dans des structures comptant moins de 50 salariés. Le temps joue donc pour l’IA, de même que les grandes entreprises qui jouent souvent un rôle d’entraînement sur l’ensemble du tissu productif.

Les causes de la défiance sont aussi nombreuses...

Que reprochent les RH à ces outils ? D’abord le manque de fiabilité. Ils ne sont que 46 % à estimer que les outils d’IA permettent de livrer un travail de qualité. Là encore, une analyse détaillée des données révèle des approches différentes selon l’âge et la position hiérarchique. Ainsi, les DRH ont une plus forte propension à utiliser l’IA que les responsables des RH (RRH) : 18 % des premiers ont déjà recours à des outils d’IA, alors que c’est le cas pour 7 % seulement des RRH.

L’écart est tout aussi important quant à l’usage futur. Alors que 32 % des DRH envisagent une utilisation plus intensive à l’avenir, les RRH ne sont que 13 % à partager cette optique. Idem sur la confiance accordée à ces outils : elle atteint 62 % chez les DRH, alors que les RRH ne sont que 42 % dans ce cas.

Quels freins devraient être levés pour convaincre les équipes RH de l’intérêt des outils d’IA ? Pour plus de 4 DRH sur 10 (41 %), il faudra d’abord résoudre l’incompatibilité de ces outils d’IA avec leurs procédures. La confidentialité et la sécurité des données personnelles sont l’autre question épineuse pour 38 % d’entre eux. Les DRH favorables à l’utilisation de l’IA se montrent les plus concernés par ce sujet (54 %), de même que 53 % des RRH travaillant dans des entreprises comptant de 100 à 249 salariés.

… que les usages envisagés !

D'autres difficultés devront être aplanies : le manque de compétences et de formation spécifique, mentionné par 32 % des sondés, mais aussi une « forme de résistance au changement chez les collaborateurs » (29 %) ainsi que les coûts liés à la mise en œuvre d’outils dédiés (22 %), sans oublier le manque de solutions adaptées aux besoins spécifiques de cette fonction (21 %).

Si les outils d’IA suscitent encore la défiance, les usages envisagés ne manquent pas. Les responsables RH placent en tête des possibilités la gestion administrative (45 %), immédiatement suivi par le recrutement (41 %). Un peu en retrait se situent la formation et le développement des compétences (28 %), la planification stratégique (27 %), l’évaluation des performances (24 %) et l’amélioration de l’environnement de travail (20 %).

S’il ne figure qu’en deuxième position dans la liste des procédures qui pourraient bénéficier de l’apport de systèmes d’IA, le recrutement semble une terre promise pour ces outils puisque 87 % des sondés, DRH et RRH, estiment qu’ils constitueraient une aide majeure. L’apport le plus attendu se situe dans la phase amont de ce processus. L’IA serait ainsi très utile dans la rédaction des offres, selon 57 % des répondants, dans la publication des annonces (63 %), mais aussi pour vérifier les informations fournies par le candidat (51 %), évaluer la qualité des candidatures (24 %) ou assurer le suivi post-recrutement (21 %). Si 90 % des responsables RH souhaitent réaliser les entretiens avec les candidats, 6 % sont prêts à laisser les outils d’IA assurer la sélection finale des candidats et 8 % à laisser l’IA négocier avec ceux retenus pour occuper les postes à pourvoir.


(1) Baromètre RH OmpinionWay pour Kelio, publié le 23 avril 2024 : L'IA et les RH.

Auteur

  • Gilmar Sequeira Martins