Éternel serpent de mer, la transparence salariale revient régulièrement au cœur des débats entourant les ressources humaines. Une étude de Glassdoor menée en avril auprès de 2 000 personnes apporte un nouvel éclairage sur cette question épineuse. Premier constat : la transparence salariale reste l’apanage d’une frange ultraminoritaire d’entreprises puisque 8 % des sondés déclarent faire partie d’une entreprise qui divulgue en interne le montant des rémunérations. Soit beaucoup moins qu’en Allemagne (12 %) et au Royaume-Uni (15 %). Une situation que la pénurie de main-d’œuvre pourrait faire évoluer, estiment les auteurs de l’étude. Ils pointent en effet l’effet répulsif des offres d’emploi ne mentionnant pas la rémunération : 37 % des candidats renoncent à postuler. Et encore n’est-ce là qu’une moyenne. Chez les candidats âgés de 25 à 34 ans, le taux de refus monte à… 47 % ! Globalement, 75 % des personnes en recherche d’emploi se disent plus à même de répondre à une offre d’emploi si elle affiche une fourchette de salaire. Enfin, près de six sur dix (59 %) considèrent même que ne pas avoir eu connaissance du salaire de l’emploi auquel ils postulaient a limité leur évolution de carrière. Dès lors, l’étude estime que la transparence salariale pourrait permettre tant aux candidats qu’aux salariés de mieux comprendre "les fondements d’une rémunération équitable".

Pour les entreprises, l’enjeu est tout aussi vital. Elles y gagneraient en attractivité et cela pourrait peut-être freiner le turnover, un phénomène qui enregistre une forte croissance. Que disent les salariés ? La moitié d’entre eux (51 %) estiment bénéfique un lieu de travail où règne "un cadre d’échange transparent" ce qui a pour corollaire une meilleure performance (46 %) et une plus grande confiance dans le leadership (43 %). Près de la moitié (45 %) se déclarent favorables à un milieu de travail où ils peuvent partager ouvertement leur ressenti. Preuve supplémentaire de l’intérêt de la transparence : 1 % seulement de la population active estime que la transparence sur le lieu de travail n’apporte aucun avantage.

Autre champ dans lequel la transparence salariale pourrait jouer un rôle moteur : celui de l’égalité des rémunérations. Les auteurs de l’étude estiment que la divulgation des rétributions permettrait de réduire les écarts liés au sexe, à l’origine ethnique ou au handicap. Ils soulignent qu’une femme active sur deux (47 %) a constaté ou tient pour réelle l’existence d’un écart de rémunération dans son entreprise. S’agissant des personnes atteintes de handicap, un tiers des salariés (33 %) estime qu’ils sont désavantagés en matière de salaires. Finalement, l’étude souligne que près de sept personnes sur dix (68 %) considèrent la transparence salariale comme une mesure pouvant aider à combler les écarts de rémunération.