Depuis un quart de siècle, les salaires ont, selon l’Insee, augmenté de 17,8% en euros constants, c’est-à-dire corrigés de l’inflation. L’augmentation annuelle moyenne se chiffre à 0,6%. Sur la même période, entre 1996 et 2020, les prix ont augmenté de 33,1%, auxquels il faut ajouter la hausse d'1,6% en 2021 et de plus de 6% en 2022. Toutes les catégories socioprofessionnelles ne sont pas pour autant logées à la même enseigne. C’est le salaire des ouvriers qui a le plus progressé, avec une augmentation de 18,5%, soit une hausse bien plus importante que celles des employés (12,9%), des cadres (6,6%) ou des professions intermédiaires (4,5%). L’Insee explique ces écarts par le niveau relativement proche du Smic d’une partie des salaires des ouvriers et des employés, en particulier des moins qualifiés. La revalorisation du salaire minimum se répercute ainsi sur les salaires les plus proches, soit directement, soit par « effet de diffusion », l’Insee citant notamment les accords de branche. Enfin, s’agissant des cadres, le document de l’institut de statistiques note qu’ils « sont (…) davantage sensibles aux chocs conjoncturels », puisque leur rémunération intègre une part variable, généralement plus importante que pour les autres catégories socioprofessionnelles.

L’Insee note également que le salaire net du secteur privé a augmenté de 4,6% en euros constants entre la crise de 2008 et 2019, soit une progression annuelle moyenne de 0,5%. En 2020, la progression a accéléré, puisqu’elle atteint 3,1% sur l’année, mais les auteurs de l’étude alertent sur une progression « en trompe-l’œil » qui « résulte davantage des modifications temporaires dans la composition de l’emploi, imputables à la crise sanitaire, que de progressions salariales individuelles ». L’Insee en déduit que le salaire net a en réalité progressé d'1,5% en euros constants « à catégorie socioprofessionnelle, secteur d’activité et condition d’emploi constants ».

L’égalité salariale entre femmes et hommes reste un objectif éloigné. En 2020, l’écart de salaire moyen atteignait 14,8% en incluant les apprentis et les stagiaires. Sans eux, il monte à 15,2%. Depuis 1996, cet écart s’est réduit de 7,6 points, soit d’un tiers. Sur la période 1996-2020, le salaire net moyen des femmes a progressé plus rapidement que celui des hommes, puisque sa progression annuelle moyenne en euros constants atteint 0,9%, contre 0,5% pour les hommes. Cette réduction de l’écart tient pour une part à l’accès plus important des femmes aux emplois les plus qualifiés, notamment parmi les cadres, où leur part passe de 24% en 1996 à 36% en 2020.