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NAO 2024 difficiles chez les agents d’assurances

Salaires | publié le : 06.12.2023 | Gilmar Sequeira Martins

NAO 2024 difficiles chez les agents d’assurances

NAO 2024 difficiles chez les agents d’assurances.

Crédit photo Prostock-studio/Adobe stock

Après un accord en janvier 2023 qui a augmenté les rémunérations annuelles minimales (RMA) de 3,5 % seulement en attendant une clause de revoyure qui est restée lettre morte, les négociations pour 2024 s’annoncent difficiles.

Les relations habituellement feutrées entre l’Agea, la fédération professionnelle des agents généraux d’assurances, et les représentants des salariés ont viré à l’orage. L’accord signé en janvier avait acté une augmentation des rémunérations minimales annuelles (RMA) de 3,5 % avec une clause de revoyure en mai pour tenir compte de l’évolution du contexte inflationniste. « C’est sur cette base qu’a été signé cet accord », souligne Marc Dozeville, représentant et négociateur CFE-CGC à la commission paritaire permanente de négociation et d’interprétation (CPPNI) d’Agea. La clause de revoyure précise : « Au regard du contexte de forte inflation, les partenaires sociaux conviennent de se réunir pour ouvrir de nouvelles négociations sur la revalorisation des minima conventionnels en mai 2023, ainsi que dans le mois suivant le passage du salaire minimum de la classe 1 en dessous du Smic. »

Le représentant syndical rappelle que le Smic a connu trois augmentations en 2022, dépassant ainsi le minima conventionnel de classe 1 dès le mois de mai de la même année, ce qui a donné lieu, en octobre, à une négociation. Elle a abouti à une augmentation complémentaire des RMA de 3 %, afin « que le minima conventionnel repasse au-dessus du Smic ». En mai, les représentants de la fédération professionnelle opposent une fin de non-recevoir aux organisations syndicales souhaitant ouvrir la clause de revoyure. Une réaction logique, selon Grégoire Dupont, directeur général de l’Agea : « Nous avions mis cette clause de revoyure dans l’accord. Il s’agissait de prendre en compte l'inflation, mais tout en prenant aussi en compte les revenus des agents généraux, parce que c'est une population particulière, constituée pour l’essentiel de TPE avec très peu de salariés. La clause de revoyure devait être analysée en mai 2023 en fonction de tous ces éléments. En sachant que nous avions déjà revalorisé les RMA en début d'année et qu’une autre revalorisation avait déjà eu lieu en septembre 2022, il est apparu qu’une nouvelle augmentation n’était pas envisageable. C'était beaucoup trop pour [les agents généraux] et c'est pour cela que nous avons préféré lancer des nouvelles négociations pour 2024. »

Nouveaux agents

L’Agea a aussi fait valoir, en s’appuyant sur un rapport publié en juin 2023 par l’Observatoire économique de la branche, que malgré l’augmentation du chiffre d’affaires des agents généraux, « leurs revenus baissent depuis plusieurs années » alors qu’ils subissent, eux aussi, les effets de l’inflation. S’y ajoute une évolution de l’ensemble du secteur, souligne Grégoire Dupont : « Nous avons beaucoup de nouveaux agents qui rentrent dans le métier et qui, forcément, n'ont pas les mêmes revenus que les anciens. Un agent général, c'est quelqu'un qui rentre dans ce métier à 40 ans et qui investit pour acheter un portefeuille. Tous les nouveaux agents généraux qui rentrent dans le métier doivent s'endetter, or les coûts du crédit pro ont beaucoup augmenté sur la période. Pour tous les nouveaux entrants, les taux des crédits professionnels sont passés de 2 à 5% en quelques années. »

Des arguments mal perçus du côté des syndicats. « Quand la présidente de la CPPNI dit que, je la cite, "la branche a soutenu le pouvoir d’achat, eu égard à la taille des agences et au contexte de baisse des marges, à hauteur de plus de 9,5%" et que "dans [les] comptes d'exploitation, cela nous a coûté 9,5 % d'augmentation de salaires", je dis "non". Les agents généraux n'ont pas augmenté dans les mêmes proportions tous leurs salariés. Cette augmentation des RMA a eu un impact réel modéré sur l’ensemble des salaires, parce que la moyenne des salaires les plus faibles est de l’ordre de 10 % au-dessus des RMA, même si certains peuvent être très proches des RMA. »

Les négociations pour 2024 sont-elles compromises ? L’Agea a proposé une progression des RMA de 3,5 %. Pour la CFE-CGC, le compte n’y est pas : « Compte tenu de la clause de revoyure qui n’a pas pu être mise en œuvre en 2023, nous ne pouvons pas commencer à discuter en dessous de 5 % d’augmentation des RMA, pointe Marc Dozeville. Commencer à 3,5 %, non, ce n’est pas possible. Nous attendons donc une réelle proposition permettant la sauvegarde du pouvoir d’achat des salariés. »

Plus de technicité

Les difficultés de recrutement pourraient-elles jouer le rôle de juge de paix ? L’Agea précise que 35 % au moins des agences d'assurance ont un souhait de recrutement, que ce soit un remplacement ou pour assurer le développement de l’activité. Grégoire Dupont admet que la situation n’est pas des plus simples : « Oui, il y a des difficultés de recrutement qui peuvent avoir un versant géographique, qui peut être fort, et puis un versant technique lié au marché traité. Il y a le marché de l'entreprise, qui nécessite des personnes ayant des qualifications plus pointues, donc des salaires un peu plus importants, et il y a le marché des particuliers qui donne lieu à une très forte concurrence. Dans les métropoles, le recrutement est plus difficile et les salaires sont bien au-dessus des RMA. Un agent général situé en région parisienne se trouve en concurrence avec toute une série d'employeurs qui peuvent être mieux mieux-disants. Mais c’est tout le secteur de l’assurance qui a des difficultés de recrutement. »

La CFE-CGC souligne de son côté la progression des exigences des agents généraux vis-à-vis des salariés : « Le rôle de conseil, notamment sur le marché de l’entreprise et celui des assurances de personnes, nécessite une technicité beaucoup plus importante. Il faut donc des gens qui sont mieux formés et qui ont des responsabilités dans les agences, d’où l’augmentation du taux d’encadrement, qui atteint aujourd’hui 5 %. » Si la nécessité de rendre le secteur plus attractif pèse sur les négociations, il reste difficile d’évaluer son impact, faute de statistiques sur les salaires réels de l’ensemble des 26 000 employés des agents généraux d’assurance.


Les agents généraux d'assurance en chiffres (Observatoire économique des agents, édition 2023)

⇒ 9 500 agences

• 18 % des agences sans aucun salarié ;
• 26 % avec 4 salariés ou plus.
• Nombre de salariés : 26 000, dont 23 000 CDI et 2 500 alternants

⇒ Source

• Observatoire économique des agents généraux d'assurance, édition 2023.

 

Auteur

  • Gilmar Sequeira Martins