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La restauration américaine s'inquiète d'une augmentation du salaire horaire minimum

Salaires | publié le : 26.03.2021 | Lys Zohin

Si l'augmentation du salaire minimum, qui passerait progressivement de 7,25 dollars de l'heure depuis 2009 à 15 dollars, n'a pas été incluse dans le méga plan de relance récemment adopté au Congrès, l'administration Biden ne désarme pas. Mais sa proposition fait désormais face à une nouvelle fronde, celle des restaurateurs. En effet, à part en Alaska, en Californie, dans le Minnesota, le Montana, le Nevada, l'Oregon et l'État de Washington où la pratique est interdite, dans les autres États, les employeurs du secteur ont le droit de payer moins que le salaire minimum, et jusqu'à 2,13 dollars de l'heure seulement (un seuil qui n'a pas changé depuis 1991), du fait que les clients donnent environ 20 % du total de la note en pourboire, ce qui complète le salaire. Toutefois, si, avec les pourboires, les salariés n'atteignent pas le salaire minimum horaire fédéral, les employeurs doivent eux-mêmes le compléter. Ce qu'ils ne font pas toujours, selon les promoteurs d'un salaire minimum accru pour tous, qui estiment qu'un tarif horaire minimum de 15 dollars apporterait un peu plus de consistance aux revenus des serveurs et barmans. De fait, leurs revenus peuvent largement varier d'un jour sur l'autre, de même qu'ils peuvent être très différents en fonction du type d'établissement. Les restaurateurs, qui ont du mal à se remettre de la crise sanitaire, préviennent qu'ils ne pourront pas payer de tels salaires fixes et devront licencier, ou répercuter ces coûts supplémentaires sur les clients, au risque de fragiliser un peu plus leur fonds de commerce. D'autres, comme le patron de TGI Fridays, Ray Blanchette, considèrent qu'en plus, ce système introduirait une distorsion de revenus incompréhensible pour les salariés : ceux des cuisines, déjà payés, chez TGI Fridays, entre 15 et 18 dollars de l'heure, et ceux des salles, qui pourraient, toujours grâce aux pourboires, gagner avec ce nouveau minimum fédéral jusqu'à 40 dollars de l'heure au total. Mais là encore, les promoteurs du salaire minimum à 15 dollars de l'heure font remarquer que ces disparités existent déjà, en particulier dans les restaurants haut de gamme. Saru Jayaraman, la présidente de One Fair Wage, une association qui milite pour un salaire décent pour tous, note que dans la restauration, 70 % des salariés sont des femmes, et particulièrement des femmes issues des minorités, et qu'elles ont du mal à survivre avec ce système de bas salaire complété par les pourboires. 


 

Auteur

  • Lys Zohin