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CFE-CGC Orange : "Les NAO doivent viser le maintien du niveau de vie global"

Salaires | publié le : 28.06.2020 | Gilmar Sequeira Martins

Sébastien Crozier.

Crédit photo DR

Alors que viennent de s’ouvrir les NAO chez Orange, Sébastien Crozier, président de la CFE-CGC de l’opérateur, remet en question le schéma actuel des négociations et prône une approche plus globale, capable d’absorber le choc économique provoqué par la crise sanitaire.

Comment se présentent les NAO 2020 chez Orange ?
Sébastien Crozier :
Habituellement, les négociations sur la NAO battent leur plein en mars et en avril pour une mise en paie en juin. Le Covid a mis par terre ce calendrier. Les négociations ont repris après le confinement et nous comptons sur une conclusion des négociations au plus tard en septembre. Nous avons fait un état des lieux qui nous a permis de constater qu’il existe aujourd’hui plus de 40 systèmes de rétribution dans le groupe Orange. Par système de rétribution, il faut entendre un ensemble qui comprend le salaire, la part variable, les avantages en nature, l’intéressement, la participation, la retraite supplémentaire et les actions gratuites, les primes et les indemnités qui recouvrent un ensemble assez vaste. Ainsi, il existe une prime de 60 euros, versée tous les cinq ans, à ceux qui peuvent fournir la facture d’un achat de lunettes qui n’a pas fait l’objet d’un remboursement complet par la Sécurité sociale ou par une mutuelle. Nous avions écrit à Valérie Leboulanger, DRH du groupe à l’époque, afin de remettre à plat tout ce système trop complexe avec des assises de la rétribution. Elle n’a jamais répondu à notre demande.

Quelles évolutions attendez-vous ?
S. C. :
Aujourd’hui, la question qui doit se poser est celle-ci : qu’est-ce que la NAO dans un tel contexte et compte tenu de l’impact économique du Covid sur l’ensemble des rétributions ? La notion actuelle de NAO du Code du travail est désuète. Elle prévoit qu’il s’agit de négocier sur l’augmentation des salaires fixes, mais rien n’interdit d’aller au-delà. Avec le Covid, la part variable va être impactée, de même que l’intéressement et la participation. Nos mutuelles et nos systèmes de prévoyance vont aussi subir un déficit de 10 à 20 millions d’euros. Les faire revenir à l’équilibre impliquera une augmentation du coût de la mutuelle pour les personnels, ce qui impactera le salaire net. Aujourd’hui, négocier sur l’augmentation des salaires fixes doit-il être l’enjeu des NAO ? Une autre option possible serait de prendre pour objectif le maintien du pouvoir d’achat de la fiche de paie, tout en prenant en compte le maintien du niveau de vie, qui tient compte des rétributions liées à l’épargne au travers de la participation et de l’intéressement.

Quelle position défendez-vous ?
S. C. :
Nous avons envoyé à tous les partenaires sociaux un courrier pour poser la question et pour déterminer si ces NAO doivent traiter uniquement des salaires fixes ou bien du pouvoir d’achat de la fiche de paie pour 2020, voire 2021 pour anticiper les impacts du Covid, ou plus globalement du maintien du niveau de vie global. Pour notre part, nous estimons qu’il faut discuter du maintien du niveau de vie tout en prenant en compte la dimension pouvoir d’achat immédiat. Chaque collaborateur d’Orange appartient à une famille dont un membre est ou sera probablement impacté par le chômage ou par l’activité partielle. Il est donc un soutien de famille. Le groupe compte 90 000 collaborateurs en France qui peuvent contribuer à stabiliser un ensemble familial, soit 500 000 à 700 000 personnes. Les collaborateurs du groupe ne doivent pas être déstabilisés par l’impact de la crise sanitaire. Ils doivent au contraire constituer des points de stabilité pour les groupes familiaux dont ils font partie. Si cette dimension n’est pas incluse dans les NAO, en quoi Orange est-il une entreprise à responsabilité sociale ?

Propos recueillis par Gilmar Sequeira Martins

Auteur

  • Gilmar Sequeira Martins