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Par peur du découvert bancaire, 1 français sur 2 prêt à accepter le "salaire sur demande"

Rémunérations | publié le : 15.12.2022 | Benjamin d'Alguerre

Un homme en précarité compte sa petite monnaie

Percevoir son salaire par à-coups plutôt qu’en un seul versement chaque mois ? 49 % des Français seraient prêts à l’accepter à en croire une étude OpinionWay réalisée fin novembre pour l’éditeur Rosaly, spécialisé dans les applis pour acomptes sur salaires. Cette solution de "salaire sur demande" serait d’ailleurs plébiscitée par les moins de 35 ans (67 %) et les plus précaires dont le foyer vit avec moins de 2 000 euros par mois (54 %).

Le salaire versé en retard, générateur de découverts bancaires, voire d’agios à régler, est la principale raison qui motiverait les salariés à accepter le principe d’un salaire versé par tranches plutôt qu’en une seule fois. 47 % des sondés avouent avoir déjà subi un découvert consécutif à une rémunération tardive. C’est d’autant plus vrai dans les foyers touchant moins de 2 000 euros par mois (55 %) et chez les 25-34 ans (61 %). Conséquence : les salariés dont le compte est déjà passé dans le rouge pour cause de salaire non versé en temps et en heure ont dû différer certaines dépenses, voire les annuler. 38 % des interviewés déclarent avoir déjà dû renoncer à des courses alimentaires ou des soins médicaux (33 %) en raison de ce retard. Plus d’un quart des Français (26 %) rapporte des difficultés liées à son logement : ne pas réussir à payer son loyer à temps (23 %) voire redouter de se faire expulser (15 %). Au total, 56 % des Français ont déjà fait l’expérience de difficultés en raison d’un salaire versé trop tard.

La période de tension économique actuelle génère chez les plus précaires un besoin d’immédiateté pour s’adapter avec plus de souplesse à leurs différents impératifs financiers. Les femmes, faisant plus souvent face à des situations financières difficiles (CDD, temps partiel, etc.), sont plus intéressées que les hommes : 53 % contre 44 %. Les salariés du public (13 %) sont aussi nombreux que les salariés du privé (14 %) à déclarer que ce type de solution est pour eux une nécessité. 61 % des salariés n’ayant pas de CDI à temps plein sont également demandeurs de cette solution, dont 19 % qui évoquent une nécessité.

Cette revendication ne se limite d’ailleurs pas au privé. 52 % des sondés estiment que l’État devrait pouvoir proposer les mêmes formules à ses fonctionnaires. Problème : "Si l’intérêt porté au salaire à la demande est réel, son obligation légale n’est pas encore possible en France. Seul l’acompte sur salaire, c’est-à-dire le versement de 50 % du salaire mensuel au 15 du mois, est prévu par la loi pour les salariés du privé", note Rosaly. Une évolution de la législation serait donc nécessaire pour assurer le versement des rémunérations au fil de l’eau.

Auteur

  • Benjamin d'Alguerre