Le Shunto, les traditionnelles négociations annuelles entre partenaires sociaux, vient de se terminer et, selon les estimations des économistes, les salariés japonais devraient, en moyenne, bénéficier d'augmentations de plus de 2 %. C'est plus que l'an dernier (à 1,86 %, la progression enregistrée en 2021 avait été la plus faible en huit ans), mais pas assez pour dynamiser la consommation face à la hausse du coût de la vie, et surtout, pas assez pour réduire les inégalités sociales, selon le souhait du gouvernement... De fait, Fumio Kishida, le Premier ministre, avait enjoint les grandes sociétés cotées à offrir jusqu'à 3 % d'augmentation dans ce but. La Confédération syndicale, le Rengo, avait même demandé 4 % d'augmentation. Mais les entreprises restent prudentes. Certes, elles sont, pour la plupart, riches en cash, mais mettent en avant la pandémie, et désormais la baisse du yen et les effets de la guerre en Ukraine sous la forme d'une envolée des cours du pétrole et du gaz naturel, pour vouloir le garder. Reste qu'en termes réels, les salaires, qui ont à peine progressé depuis les années 1990, sont tels que les ménages ont tendance à épargner plutôt que dépenser... Cependant, de grands groupes, comme Hitachi et Toshiba, ont déjà passé un accord avec les syndicats pour augmenter les salaires de 2,6 % pour le premier et de 2,5 % pour le deuxième. De même, face aux demandes syndicales, les constructeurs automobiles auraient eux aussi accepté d'augmenter les salaires au-dessus de 2 %, mais n'ont pas souhaité révéler les chiffres pour l'instant. "La question, maintenant, est de voir si ces hausses vont faire tache d'huile dans les petites et moyennes entreprises", notait dans la presse Tatsuya Sekiguchi, vice-président de Tokyo Union, un groupe qui représente les salariés n'appartenant pas aux grands syndicats présents dans les multinationales nippones. Car, même si les grandes entreprises cotées donnent généralement le la en matière d'augmentation, "si les hausses de salaire touchent peu ou pas du tout les petites entreprises, cela ne sert pas à grand-chose", a-t-il ajouté.