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Castex veut une revalorisation des emplois de deuxième ligne, la propreté le prend au mot.

Rémunérations | publié le : 10.09.2021 | Benjamin d'Alguerre

Les partenaires sociaux de la branche propreté viennent de conclure un accord donnant un petit coup de pouce salarial aux employés de la branche. Mais ils appellent l’ensemble des acheteurs de prestation de nettoyage – au premier rang desquels l’État et les collectivités publiques – à l’arrêt d’une politique d'achat low-cost qui participe à la stagnation des salaires…

Le temps presse. Mercredi 8 septembre, à l’issue du séminaire de rentrée gouvernementale, le Premier ministre a exhorté les branches professionnelles à mettre le turbo en matière de revalorisation des métiers « de deuxième ligne ». « Il s’agit de travailler sur les conditions de travail, sur la valorisation des métiers, sur le temps partiel, sur la promotion professionnelle, mais aussi sur les salaires, notamment sur ce qu’on appelle les minima de branche, a fortiori lorsque ceux-ci sont inférieurs au Smic. » Dans le viseur de Jean Castex, les branches en pénurie de main-d’œuvre ou dont les salariés ont tenu leur place pendant la pandémie et les confinements. Or, sept mois après la remise du rapport Ehler/Moreau-Follenfant sur la revalorisation des métiers dans les quinze secteurs identifiés comme relevant de la deuxième ligne, les efforts des branches pour engager des négociations sont… disparates. Sept secteurs – prévention et sécurité, transport routier, commerce, déchets, propreté, commerce de détail, fruits et légumes, aide à domicile – ont déjà engagé, et parfois conclu, des accords en ce sens (revalorisation des rémunérations, accès facilité à la formation professionnelle favorisant les reconversions ou les évolutions des carrières…), mais ailleurs, les discussions tardent à démarrer, voire sont au point mort, comme dans le bâtiment.

À ce compte, la propreté, où les partenaires sociaux sont tombés d’accord sur une revalorisation salariale d’1,6 % au 1er janvier 2022, doublée d’une augmentation de la prime annuelle qui devrait passer de 175 à 225 euros, fait figure de bonne élève. Mais dans un secteur sous-traitant où les faibles rémunérations s’expliquent en partie par le comportement des donneurs d’ordre qui tirent toujours les prix vers le bas, l’exemplarité est difficile… surtout lorsque ces gros acheteurs de prestations de nettoyage que sont l’État et les collectivités publiques participent aussi à cette casse des prix ! « Les partenaires sociaux de la branche de la propreté souhaitent (…) alerter les acheteurs publics, comme privés, sur la nécessaire valorisation de ces métiers invisibles et pourtant indispensables, sur le lien direct entre des pratiques et des valeurs d’achats, et ainsi que sur les conditions de vie et de travail des salariés de la propreté, sur l’injonction paradoxale posée par les acheteurs entre des exigences RSE ambitieuses et des actes d’achats durablement et chroniquement moins disant », indiquent conjointement les organisations patronales (FEP, SNPRO) et certaines organisations syndicales du secteur comme la CGT Ports et Docks ou FEETS FO (la CFDT ne s’est pas jointe à l’appel).

En attendant que l’État prenne ses responsabilités en matière d’achats exemplaires, les employeurs du secteur ont signé, le 8 septembre, une charte de mieux-disant social avec l’Association des directeurs de l’environnement de travail (Arseg) et le Conseil national des achats (CNA), deux associations regroupant les entreprises donneuses d’ordres. Par ce document, ces dernières s’engagent à contribuer à l’amélioration des conditions de travail des salariés du nettoyage en revoyant leurs politiques tarifaires à la hausse ou en favorisant les horaires de travail en journée ou en continu.

Auteur

  • Benjamin d'Alguerre