Si l’année 2023 a été marquée par des hausses de salaires records avec une enveloppe médiane de + 4,7 %, les augmentations 2024 devraient être revues à la baisse. D’ores et déjà, un employeur sur quatre réfléchit à un « package » regroupant augmentations, primes, amélioration des conditions de travail et rémunération complémentaire.
Attention, effet de cisaille sur le pouvoir d’achat des salariés en vue ! Les entreprises, qui s’étaient montrées particulièrement généreuses en matière de revalorisations salariales et de primes en 2023 pour aider leurs salariés à supporter l’inflation, risquent de revoir leur prodigalité à la baisse l’an prochain, à en croire le dernier baromètre de l’observatoire de la performance sociale et des rémunérations LHH.
L’année passée, sous la triple influence de la relance économique post-Covid, de NAO agitées sur le plan social et des injonctions de Bercy à donner un coup de pouce aux salaires, les employeurs avaient consenti assez largement à mettre la main à la poche. Plus de 93 % des entreprises avaient ainsi mis en place des mesures d’aide au pouvoir d’achat, ce qui s’était traduit par une augmentation record des augmentations avec une enveloppe moyenne de + 4,7 % (soit 1,7 % de plus qu’en 2022). 25 % avaient même débloqué des budgets allant au-delà du niveau de l’inflation (5 %). Ailleurs, ce sont des accords d’intéressement, de participation ou des politiques de gratification qui avaient été déployées pour compenser la perte de pouvoir d’achat subie par les salariés. 45 % des employeurs ont ainsi versé une prime de partage de la valeur à leurs collaborateurs pour un montant médian de 775 euros. À quoi se sont ajoutées diverses mesures de gratification en fonction des entreprises et des situations : distribution de primes de performance individuelles, de primes et d’indemnités de transports, hausse de la valeur des paniers-repas, revalorisations particulières des salaires des femmes (de 2 % en moyenne), etc.
En 2024, cependant, les salariés risquent de devoir se serrer la ceinture. Selon les calculs de l’observatoire LHH, l’enveloppe médiane des augmentations ne devrait pas excéder les 3,5 %, en dépit d’efforts particuliers accomplis dans les branches de l’industrie des produits de biens et d’équipement (3,75 %) ou de l’assurance et de la mutualité (3,6 %). Pire : plusieurs secteurs annoncent d’ores et déjà que les augmentations ne dépasseront pas les 3 %. Et une entreprise sur cinq seulement prévoit de verser une prime de partage de la valeur. À voir si cette prévision ne changera pas d’ici la fin de l’année lorsque les mesures définitives du projet de loi « partage de la valeur » seront adoptées après l’examen du texte au Sénat. En tout cas, les NAO 2023-2024 s’annoncent d’ores et déjà explosives. De quoi inciter les employeurs, comme le suggère LHH, à ne plus seulement réfléchir en matière de révisions salariales seules, mais de « package » plus généraux regroupant hausses de salaires, primes, amélioration des conditions de travail (télétravail…) et rémunération complémentaire. Une entreprise sur quatre se dit en réflexion sur ce sujet…