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Actionnariat salarié : enfin la montée en puissance ?

Actionnariat salarié | publié le : 01.03.2023 | Gilmar Sequeira Martins

Alors que 1 000 salariés actionnaires de La Redoute vont se partager 100 millions d’euros, l’actionnariat salarié continue à gagner du terrain. Très répandu parmi les grandes entreprises cotées, il lui reste cependant à conquérir les PME où il reste marginal.

Une belle histoire que celle des salariés actionnaires de La Redoute. Avec le rachat de leur entreprise par les Galeries Lafayette en décembre 2022, un millier d’entre eux vont se partager 100 millions d’euros. Ce montant représente la valeur actuelle de l’investissement qu’ils avaient consenti en… 2013. À l’époque, l’enseigne se trouve au bord de la faillite et son propriétaire, le groupe Kering, accepte de la céder pour un euro symbolique à ses deux dirigeants, qui ont ensuite ouvert le capital aux salariés. Entre-temps, La Redoute s’oriente pour devenir un acteur de l'e-commerce. Avec la crise sanitaire et les confinements, l’activité décuple et la valeur des actions s’envole. Si le rachat de 49 % des actions a généré un montant de 100 millions d’euros, cette somme n’est pour autant pas immédiatement disponible. Les règles régissant les FCPE prévoient trois situations qui autorisent un versement : le départ en retraite du salarié, la reconnaissance médicale d’une situation d’invalidité ou son décès.

Selon les données publiées par le ministère du Travail, l’actionnariat salarié reste l’apanage d’une minorité. En 2020, à peine 1,3 % des entreprises d’au moins 10 salariés avaient mis en place un tel dispositif, soit 600 000 salariés couverts (9,3 % du total). Ce taux est beaucoup plus élevé parmi les sociétés cotées, puisqu’il atteint 23,7 %, voire 28,4 % en incluant dans cet ensemble les entreprises non cotées, mais appartenant à une firme cotée. Selon la Fédération européenne de l'actionnariat salarié (FEAS), la valeur des actions détenues par les salariés a atteint 433 milliards d’euros à l’échelle de l’Union européenne en 2021. Le progrès est notable puisque cette valeur n’avait atteint que 316 milliards en 2020 et 350 milliards en 2019. Au total, selon la FEAS, ce sont 93,9 % des grandes entreprises cotées qui ont mis en place un dispositif d’actionnariat salarié.

La FEAS note cependant que la valeur détenue par les salariés se réduit, alors que celle aux mains des dirigeants s’accroît… Elle pointe ainsi la diminution du nombre d’actionnaires parmi les salariés, passés de 7,2 millions en 2011 à 6,9 millions en 2021. Au total, ils ne détiennent plus que 1,48 % du capital des 2 826 grandes entreprises examinées par la Fédération. Pour la première fois, leur part est désormais inférieure à celle détenue par les actionnaires dirigeants. Selon l’estimation de la FEAS, ils seraient environ 30 000 et détiendraient 1,53 % du capital des plus grandes entreprises. Les PME vont-elles emboîter le pas ? En 2021, près d’une sur dix (9 %) a déjà mis en place un tel dispositif, soit le double du taux observé en 2015 selon une étude OpinionWay réalisée pour le cabinet Eres. Plus déterminant encore, huit dirigeants sur dix jugent « positif » le fait d’associer les salariés au capital de l’entreprise.

 

Auteur

  • Gilmar Sequeira Martins