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4,5 milliards…

Rémunérations | publié le : 02.01.2023 | Benjamin d'Alguerre

C’est le chiffre total des augmentations accordées aux grands patrons français en 2021, selon les calculs du cabinet Proxinvest. Une situation qui contraste avec la sobriété à laquelle appelle Bercy, mais aussi une partie du patronat.

Michelin, Plastic Omnium, Sodexo… Pendant la pandémie de Covid-19 et afin de montrer leur solidarité avec les salariés au chômage ou en activité partielle, certains patrons de grands groupes cotés avaient accepté – sous la pression de Bruno Le Maire – de revoir leurs rémunérations à la baisse symboliquement : –10 % pour les dirigeants de Michelin qui ont rogné en partie sur leur variable 2020, –30 millions dans la poche des dirigeants de Sodexo qui avaient accepté, pour l’occasion, de placer le moins-perçu dans un fonds d’aide aux salariés privés d’emploi… À l’étranger, certains avaient mis la barre encore plus haut, comme le patron de Fiat-Chrysler, Michael Manley, qui avait divisé son salaire par deux.

La page de la sobriété semble toutefois tournée. En France, le rapport annuel de l’agence Proxinvest, spécialisée dans le conseil de vote aux conseils d’administration, note une inversion radicale de la tendance en 2021 : « La rémunération totale moyenne des présidents exécutifs des 120 plus grandes sociétés cotées en France (SBF 120) par rapport à 2019 (avant la crise sanitaire) atteint 4,5 milliards d’euros en 2021, son record historique depuis 15 ans ». Et le record vaut aussi bien dans le SBF 120 (+1,5 %) que dans le CAC40 (+4,2 %), surtout porté par une hausse des bonus annuels moyens des dirigeants (+19,9 % dans le SBF 120 et +33,6 % dans le CAC 40). Premier sur le podium, le patron de Stellantis, Carlos Tavares, avec une rémunération totale de 66,7 millions d’euros, suivi par Bernard Charlès, celui de Dassault Systèmes (44,1 millions), et par le PDG de Teleperformance, Daniel Julien (19,6 millions).

Ces chiffres agacent. Non seulement les syndicats, mais aussi l’Afep et le Medef qui, dans la nouvelle édition de leur code de bonne conduite (voir ci-dessus) recommandaient d’intégrer une dimension RSE et climatique dans les rémunérations des dirigeants. Les patrons de PME, eux aussi, grincent. « Chez nous, il n’existe pas de coefficient directeur délirant entre les plus basses et les plus hautes rémunérations. Dans les TPE-PME, lorsqu’il y a crise, le premier qui baisse son salaire est souvent le chef d’entreprise », lance Mélanie Tisserand-Berger, experte comptable et coprésidente du Cercle des jeunes dirigeants (CJD). Exemplarité oblige, le CJD recommande que le salaire d'un chef d'entreprise n’excède pas quatre fois celui de ses salariés.

Auteur

  • Benjamin d'Alguerre