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Retraites: les syndicats jouent (aussi) leur place

Syndicats | publié le : 16.01.2023 | Benjamin d'Alguerre

S’il y a peu de chances que l’exécutif abandonne sa réforme des retraites après la mobilisation du 19 janvier, un mouvement de longue ampleur pourrait cependant l’inciter à revoir sa copie. Mais les syndicats sont-ils prêts à s’engager dans une lutte durable ?

« Si les salariés le décident, ce sera la France à l'arrêt le 19 janvier ! » avertissait Philippe Martinez, à l’issue de la présentation par Élisabeth Borne du projet de réforme des retraites. Si le Gouvernement semble avoir mis un peu d’eau dans son vin par rapport aux intentions initiales (âge du départ à 64 ans et non plus 65 à l’horizon 2030, avec accélération du calendrier Touraine de 2014, pension minimale garantie égale à 85% du SMIC – 1200 euros environ – pour une carrière complète, mise en place d’un index senior dans les entreprises, garanties en matière de départ anticipé en cas de d’inaptitude, création d’un fonds de prévention d’un milliard d’euros contre l’usure professionnelle…), les syndicats se mobiliseront tout de même unanimement dans la rue jeudi prochain, confortés par les enquêtes d’opinion montrant qu’une large majorité de Français est opposée à la réforme (80% selon Elabe). Jeudi, la mobilisation s’annonce forte.

Mais le 19, c’est aussi la capacité à mobiliser la rue qui sera en ligne de mire. « Ce qui se joue au-delà de la réforme des retraites, c’est la place des organisations syndicales dans le paysage interprofessionnel. Si le Gouvernement ne renonce pas après quelques jours de grève, il sera conforté non seulement dans sa volonté de réforme, mais aussi que la place des syndicats est là où les ordonnances les ont relégués en 2017 : au niveau de l’entreprise », glisse le patron d’une grosse fédération du camp réformiste. Les mots d’ordre risquent également d’être scrutés de près. « Les retraites constituent le sujet qui mobilisera le plus, mais là-dessus se grefferont d’autres revendications liées à l’inflation ou au prix du travail. Si les syndicats sont habiles, ils peuvent construire un corpus revendicatif beaucoup plus large », analyse Stéphane Sirot, historien spécialiste de la sociologie des grèves. À condition, cependant, que le mouvement s’inscrive dans la durée au-delà du seul 19 janvier. Et à ce niveau, la balle est dans le camp réformiste. Les centrales réformistes sont prêtes à s’engager dans une journée d’action, mais quid d’une dynamique de long terme ? Stéphane Sirot émet des doutes : « Lors de la mobilisation contre la réforme des retraites de 2019-2020, on a compté une cinquantaine de journées de grève reconductibles… Je ne suis pas sûr que CFDT, CFTC et Unsa s’y engagent. » À suivre.

Auteur

  • Benjamin d'Alguerre