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Frédéric Lerais : "L'Ires n'est pas le think tank des organisations syndicales"

Syndicats | publié le : 14.12.2022 | Benjamin d'Alguerre

Frédéric Lerais (à droite sur la photo) aux côtés d'Éric Pérès (au centre), président FO de l'Ires, et de Jean-Paul Guillot (à gauche), président de Réalités du dialogue social, le 9 mai 2022.

Crédit photo

L’Institut de recherches économiques et sociales souffle cette année ses quarante bougies. Depuis quatre décennies, l’Ires produit des études pour alimenter la réflexion des organisations syndicales de salariés, sans cependant les conseiller directement. Rencontre avec son directeur, Frédéric Lerais.

Vous célébrez le quarantième anniversaire de l’Ires dans un contexte marqué par l’après-pandémie, la réforme de l’assurance-chômage et celle des retraites. Cette actualité nourrit-elle vos travaux ?

Frédéric Lerais : L’Ires est avant tout un centre d’études et de recherche et l’activité de recherche exige du temps long. Ce qui ne signifie pas pour autant que certains travaux dont nous chargent les organisations syndicales qui composent notre conseil d’administration ne percutent pas l’actualité. Je pense notamment à une étude récente réalisée pour la CGT dans le cadre de l’Ires et qui concernait l’évolution de l’indemnisation chômage dont les conclusions ont été publiées dans le dernier numéro de la revue de l’Ires. Une incursion récente dans le court terme a été la pandémie de Covid-19. L’Institut s’est emparé très tôt du sujet. Nos chercheurs ont d’abord produit un comparatif des réactions étatiques en matière de santé face à l’épidémie en Europe et aux États-Unis, puis, face aux conséquences économiques et sociales du virus, l’Ires a enchaîné avec une étude sur les différentes mesures publiques adoptées pour protéger les entreprises et les ménages – surtout les premières, d’ailleurs – comme l’activité partielle, les prêts garantis, etc. avant de publier d’autres travaux plus catégoriels à l’image de celui consacré aux aidants pendant la période pandémique. Ces publications ont pu nourrir la réflexion des organisations syndicales et ont été appréciées.

Quarante ans après sa fondation, l’Ires ne subit-il pas la concurrence des différents think-tanks créés ces dernières années ? Certains, comme l’Institut Montaigne, sont particulièrement actifs sur le champ économique et social…

F. L. : C’est une question qui a été posée lors de la célébration des quarante ans de l’Ires, mais non. On travaille rarement avec les think tanks et, surtout, on travaille différemment. Il n’existe pas non plus de réelle concurrence entre eux et nous. Comme je l’ai indiqué précédemment, nous sommes un centre d’études et de recherche. Ils publient certes plus que nous, mais approfondissent moins leurs sujets. Ce qui n’empêche pas que leurs travaux puissent nourrir les réflexions de nos chercheurs ainsi que le débat lorsque nous les confrontons. Nous ne sommes pas un "think tank" des organisations syndicales. Ce ne serait d’ailleurs pas possible vu que six d’entre elles siègent autour de la table ! Ce qui n’existe nulle part ailleurs. On ne les conseille pas en matière économique ou sociale, ce n’est pas notre fonction. En revanche, nous nourrissons leurs réflexions grâce à nos travaux.

Quels sont les sujets que l’Ires compte aborder en 2023 ?

F. L. : Notre calendrier est bien chargé ! Nous allons publier un numéro spécial de notre revue "Chronique Internationale" (consacrée à des analyses économiques et sociales réalisées dans plusieurs pays) dédié à l’inflation, aux salaires et aux aides publiques. Cela nous permettra d’observer l’évolution des négociations salariales depuis quelques années. La parution est prévue début janvier.

Nous sortirons un numéro de la revue sur les travailleurs des plateformes en France et en Italie et au printemps un numéro sur la négociation collective en général et les rapports branches-entreprises en particulier réalisé à la suite d’un appel à projets de recherche de la Dares dans le cadre de l’exploitation de ses enquêtes Réponse.

Parmi les autres travaux de l’année à venir, nous aurons une étude consacrée aux relations sociales et professionnelles qui contribue, notamment, à un bilan des ordonnances Macron de 2017. Nous ferons dans ce cadre un focus particulier sur le secteur du transport qui se retrouve dans une configuration économique et sociale très différente de celle du reste de l’économie. D’autres sujets sont également à l’agenda, comme la revitalisation des territoires, la notion d’accompagnement des chômeurs, les plateformes d’emploi ou l’IA comme outil de management, de modification des relations de travail ou objet de négociations.

 

Auteur

  • Benjamin d'Alguerre