Canada Goose, le fabricant de parkas de luxe à base de plumes, fondé en 1957 par un immigrant polonais, chercherait-il à importer une philosophie anti-syndicats, très répandue aux États-Unis ? C'est en effet ce que dénoncent les syndicats canadiens. Il y a quelques jours, des salariés ont manifesté devant le siège de Bain Capital, à Boston. Car si les ouvriers, dans les ateliers de production de Canada Goose, au Canada, se sont syndiqués à partir des années 1980, au point que tous l'étaient en 2010, l'accord avec la direction ne couvre que ceux de Toronto, dans les unités de production originelles. Or, la société, qui a connu une expansion énorme du fait de son succès, notamment auprès de stars du show business, a acheté plusieurs usines à Winnipeg (Manitoba) en 2013, dont les quelque 1000 ouvriers cherchent eux-aussi à se syndiquer. Et ils rencontrent des difficultés. Au point qu'en 2019, la direction de ces usines a été enjointe par les autorités provinciales de cesser ses pratiques anti-syndicats, qui vont d'un refus d'entamer des discussions avec des représentants syndicaux en vue d'une consultation pour une affiliation à un comportement managérial agressif envers les salariés qui déclarent vouloir se syndiquer, et même le renvoi de l'un d'eux, qui portait le T-shirt d'un syndicat sur son lieu de travail. La direction générale a beau déclarer qu'elle laissera les salariés se syndiquer s'ils le choisissent, et qu'elle a licencié un manager dont le comportement envers les salariés était inadéquat, elle est, selon les syndicats, en complète contradiction avec la philosophie qu'elle a mise en avant – celle d'une entreprise socialement et environnementalement responsable. Une philosophie qui a largement participé à son succès international. « En gardant la majorité de notre production sur le sol canadien, nous contribuons à la création d'emplois locaux, ce qui nous permet également de maintenir un niveau de qualité très élevé et des conditions de travail optimum pour nos salariés », estime ainsi le rapport RSE de la société en 2020. « Les salariés ont peur, contrent les syndicats, ils n'osent même plus venir nous parler. »