En dépit de l’érosion des adhésions et de la multiplication des mouvements sociaux "spontanés" type "bonnets rouges" ou "gilets jaunes", le contrat de confiance entre les salariés et les organisations syndicales n’est pas rompu. Selon le baromètre annuel du dialogue social du Cevipof réalisé en partenariat avec l’association Dialogues. 40 % des sondés indiquent faire confiance aux syndicats, soit 2 % de plus que lors de la précédente mesure en 2019. La confiance est moindre qu’envers d’autres institutions comme les PME (75 %), la Sécurité sociale (71 %), les Prud’hommes (68 %), l’inspection du travail (63 %) ou les grandes entreprises (47 % pour les publiques, 43 % pour les privées), mais c’est davantage que les médias (31 %), les réseaux sociaux (15 %) ou surtout les partis politiques (12 %). Ce sont surtout les salariés des grandes entreprises qui accordent leur confiance aux syndicats (44 %), là où ceux des PME sont plus méfiants (38 %). La population cadre est celle où la confiance envers les organisations syndicales est la plus faible (36 %).
En revanche, seuls 38 % des sondés jugent l’action syndicale efficace. Pour autant, ils sont en accord avec certaines thématiques portées par le syndicalisme, comme le caractère menaçant de la flexibilité pour la protection sociale des salariés (56 %) ou la prédominance de la loi sur la négociation pour obtenir des avancées sociales (48 %). D’ailleurs, ils sont 69 % à estimer que le dialogue social "ne fonctionne pas bien" en France (et 70 % des cadres). Les salariés syndiqués eux-mêmes sont 60 % à partager cette idée. 61 % des salariés et 55 % des cadres jugent d’ailleurs le dialogue social et ses modalités comme « compliqués ».
Cependant, 45 % salariés pensent aussi que les syndicats se préoccupent de leurs problèmes, bien plus que les directions d’entreprises (34 %) et le ministère du Travail (24 %). Une "remontada" de quatre points par rapport à 2019.
N’empêche que cette bonne image générale ne se traduit pas en adhésion. La politisation des syndicats (45 %) est le premier argument avancé par les sondés, de même qu’une certaine vision corporatisme selon laquelle ils défendraient prioritairement les autres syndiqués (26 %). Les représailles patronales constituent pour 24 % une raison de refuser l’engagement syndical. Soit autant que de sondés indiquant "qu’ils n’ont pas envie de s’engager collectivement". La relative inefficacité des mobilisations est avancée par 22 % des interrogés.