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Rémunérations : "La négociation de la prime PEPA et les NAO doivent être dissociées" (Cyril Chabanier, CFTC)

Relations Sociales | publié le : 05.09.2021 | Gilmar Sequeira Martins

Pour Cyril Chabanier, président confédéral de la CFTC, une discussion sur les retraites est possible à condition de traiter trois sujets : la pénibilité, l'emploi des seniors et l'égalité femmes-hommes.

Pourquoi avoir refusé de vous joindre à l’action prévue le 5 octobre à l’initiative de la CGT, de FO et de Solidaires ?

Cyril Chabanier : Nous avons décliné l’invitation de la CGT car nous avions une rencontre avec le Premier ministre jeudi. Nous n’avons pas l’habitude de partir en grève avant une rencontre avec le Gouvernement.

Qu’attendez-vous du Gouvernement sur la question des salaires ?

C. C. : Sur les salaires, le ministère de l’Économie a demandé aux entreprises de faire un effort. Sur la reconnaissance des travailleurs de « seconde ligne », les décrets sur la prime PEPA (anciennement "prime Macron") sont sortis, mais nous observons que beaucoup d’entreprises attendent les négociations annuelles obligatoires (NAO) pour négocier aussi sur cette prime défiscalisée et désocialisée. Nous comprenons que les entreprises préfèrent ne pas mener deux négociations si rapprochées mais nous avons une crainte : que la prime devienne un élément de la rémunération globale alors que nous considérons que c’est une récompense indépendante des NAO pour les personnes qui ont travaillé sur le terrain durant le confinement. Il ne faut pas qu’en réunissant les deux sujets ce qui est donné d’un côté soit repris de l’autre. Si la négociation sur la prime PEPA est englobée dans celles sur les NAO, le risque de compensation est plus important. Vouloir tout discuter en même temps est rarement un bon signe. Nous serons vigilants sur la répartition entre les revalorisations collectives et individuelles. Nous avons actuellement trois enjeux. Le premier : que les entreprises se saisissent de la prime PEPA maintenant que les décrets sont sortis. Le second : que parmi celles qui versent la prime, ce versement ne vienne pas réduire la portée des NAO. Enfin, il y a aussi l’enjeu de la formation afin d’aboutir à une meilleure adéquation avec les débouchés. Cela fait dix ans qu’est évoqué le cas des soudeurs spécialisés dans la construction navale, mais aucune formation ni aucun CFA n’a été mis sur pied.

À quoi attribuez-vous les difficultés de recrutement actuelles ?

C. C. : Sur les difficultés de recrutement, j’ai entendu à la REF que les carnets de commandes n’ont jamais été aussi pleins. Or si les augmentations collectives restent autour de 0,4 ou 0,5 %, soit moins que l’inflation, les consignes du ministère de l’Économie ne seront pas satisfaites. Certains secteurs comme le commerce, la métallurgie, le gardiennage, la sécurité ou les transports routiers proposent habituellement des revalorisations collectives faibles, même si certaines entreprises font exception. Il y a de réelles difficultés de recrutement mais nous n’avons pas la même analyse que le Medef qui espère résoudre ces problèmes avec la réforme de l’assurance-chômage. Nous estimons que si les conditions de travail et les niveaux de salaires étaient meilleurs, ces difficultés seraient moindres. Le Medef met en avant les exigences des appels d’offres, en particulier venant de donneurs d’ordre du secteur public. Pour remporter les marchés, les entreprises doivent comprimer leurs coûts et ne peuvent pas augmenter les salaires. Ce n’est pas complètement faux, en particulier dans le secteur du ménage. Il faut donc une exemplarité sur les appels d'offres qui ne doivent plus être basés seulement sur les prix. Ce levier permettrait d’engager des négociations de branche sur les premiers niveaux de rémunération.

Pourriez-vous participer à l’action prévue le 5 octobre ?

C. C. : Nous ne sommes pas partis pour participer à la mobilisation du 5 octobre. Seule une annonce prématurée et radicale sur un dossier sensible comme les retraites pourrait nous faire changer d'avis. Lors de la rencontre avec le Premier ministre, la ministre du Travail et le ministre de l’Économie, nous avons dit que nous ne sommes pas opposés à reprendre les discussions sur les retraites. Parce que le système est tout sauf juste, la CFTC reste favorable à la création d'un régime universel par point. Dans ce cadre, il nous faudra en premier lieu traiter des questions de pénibilité, d'emploi des seniors ou encore d'égalité femmes-hommes.

 

Auteur

  • Gilmar Sequeira Martins