Suite à la deuxième mesure de la représentativité patronale, le Medef demeure la première organisation en matière de salariés représentés, mais la CPME réunit deux fois plus d’entreprises adhérentes…
Les résultats de la nouvelle mesure de la représentativité patronale dévoilés le 8 juillet risquent de raviver les conflits entre organisations d’employeurs. Sur le papier en tout cas, l’affaire est pliée : le calcul de la représentativité prenant à la fois en compte le nombre d’entreprises adhérentes à une organisation, mais aussi la taille de celle-ci, permet au Medef de conserver la première place avec 9,3 millions de salariés représentés et 66,32% de l’audience mesurée. Mais la CPME lui conteste cette pôle position. Motif : si l’audience « salariés » de la Confédération des petites et moyennes entreprises n’est que de 28,64%, elle arrive en tête pour le nombre d’entreprises adhérentes (243 397 contre 125 929 pour le Medef et 203 715 pour l’U2P). Une progression qui s’explique notamment par le ralliement à la CPME des entreprises de deux branches issues de l’action sanitaire et sociale, le Nexem et la Fehap, jusqu’alors situées dans le périmètre de l’Union des entreprises de l’économie sociale et solidaire (Udes).
Lors de la précédente mesure de la représentativité patronale lors de la séquence 2013-2014, le mode de calcul de l’audience avait déjà profondément divisé le camp des employeurs, entre Medef et CGPME (à l’époque) d’un côté, approuvant l’actuel mode de calcul, et UPA (artisanat et commerce de proximité) et UNAPL (professions libérales) de l’autre, le contestant. C’est en partie cette question de la mesure d’audience qui avait d’ailleurs convaincu libéraux et artisans de se rapprocher pour faire cause commune au sein d’une structure unique, l’U2P, en 2016. Déçue de sa représentativité de 2021 (5,03% de l’audience salariés), l’Union des artisans et des libéraux n’exclut d’ailleurs pas de contester ces résultats devant la justice…
S’il ne bouscule pas les grands équilibres (le Medef reste largement majoritaire dans les instances paritaires de type conseils de prud’hommes, premier récipiendaire des fonds alloués au paritarisme par l’AGFPN) et, puisqu’il dépasse les 50% d’audience, cette deuxième mesure de la représentativité marque cependant une nette augmentation des adhésions aux structures patronales interprofessionnelles, qu’elles soient directes ou par l’intermédiaire des branches. +2 297 entreprises adhérentes au Medef entre 2017 et 2021, +98 415 à la CPME, +53 110 à l’U2P. Seule la petite Coordination nationale des indépendants (CNDI, 0,1% de l’audience patronale) perd des membres puisque 260 entreprises n’ont pas renouvelé leur adhésion depuis 2017. Au niveau des branches, le calcul n’est pas encore suffisamment affiné pour obtenir une cartographie précise des forces en présence mais « les grands équilibres ne devraient pas bouger, sauf dans quelques secteurs spécifiques comme la construction », observe le directeur général du Travail, Pierre Ramain.
