Malgré l’embellie sur le plan économique, les PME peinent toujours à recruter. Pour la CPME, c’est l’enjeu de la concertation qui s’ouvre sur la vie au travail, loin des préoccupations sur la semaine de quatre jours ou le CET universel…
Attention, concertation à hauts risques pour le patronat ! Engagés dans le premier tour de table sur le futur agenda social de Matignon sur le pacte de vie au travail – Geoffroy Roux de Bézieux, du Medef, et François Asselin, de la CPME, ont été reçus par Élisabeth Borne hier 22 mai et Jean-Christophe Repon de l’U2P le sera aujourd’hui, mardi 23 mai –, les représentants des employeurs savent qu’ils vont devoir jouer serré. Face à eux, les organisations syndicales, ragaillardies par plusieurs mois de mobilisation unitaire sans accroc face à une réforme des retraites mal accueillie par l’opinion publique, ont multiplié les exigences : changement de méthode dans la concertation, révision des ordonnances travail de 2017, conditionnalité des aides aux entreprises… Et dans sa volonté de redonner un coup de barre à gauche, l’exécutif pourrait être tenté de lâcher les employeurs, au moins sur certains sujets symboliques comme l’index seniors, l'organisation du temps de travail (à travers notamment la semaine de quatre jours) ou la mise en place accélérée du « compte épargne-temps universel » (Cetu), promesse de campagne d’Emmanuel Macron en 2022.
Or, pour les patrons de PME-TPE, l’urgence n’est pas là. Selon une enquête réalisée pour la CPME auprès de plus de 1 500 dirigeants de petites boîtes, 78 % d’entre eux sont opposés à la mise en place de la semaine de quatre jours et 66 % sont défavorables à la mise en place d’un CET dans leur entreprise. À les croire, leurs premières difficultés demeurent les tensions sur le marché de l’emploi qui les empêchent de recruter. 48 % cherchent ainsi à embaucher (contre 53 % en novembre 2022) et 87 % rencontrent des difficultés dans ce processus. Et même la hausse des salaires ne rend pas leurs métiers attractifs. 66 % ont augmenté les rémunérations (de 3 à 6 % pour 60 % du panel et au-delà de 6 % pour 16 % d’entre eux), 42 % comptent verser une prime de partage de la valeur à leurs salariés en 2023 et 24 % ont mis en place un mécanisme d’intéressement ou de participation dans leurs boîtes.
Malgré tout, les candidats ne se bousculent pas. 32 % comptent une offre d’emploi non pourvue depuis un an… La source des difficultés ? Les salaires trop bas (38 %), le refus des contraintes liées au poste (44 %), mais aussi la difficulté des candidats à se loger (10 %) ou l’absence d’incitations financières à l’embauche de seniors (19 % des chefs d’entreprise se disent prêts à franchir le cap). Autant de sujets que la CPME – déjà porteuse de revendications sur une exonération des charges pour les entreprises recruteuses de salariés de plus de 57 ans (quitte à les rembourser si le salarié est licencié avant terme) – compte bien mettre sur le tapis à l'occasion de cette concertation.